L’Alliance pour les sports et les droits a critiqué le Comité international olympique (CIO) dans un rapport publié mardi pour son incapacité à prendre des mesures adéquates pour traiter ou enquêter sur les allégations de harcèlement sexuel et de violence au sein de la Fédération indienne de lutte (WFI).
Le rapport, intitulé « Nous ne faisions que réclamer justice : abus sexuels au sein de la Fédération indienne de lutte », donne un aperçu du scandale de l’année écoulée et fournit des informations sur les allégations portées contre l’ancien chef de la WFI, Brij Bhushan Singh.
Singh, qui a également été député du parti au pouvoir Bhartiya Janata Party (BJP), a été jugé cette année au pénal pour avoir harcelé sexuellement cinq lutteuses pendant sa présidence. De multiples allégations d’abus sexuels sur des femmes et des filles ont été portées contre lui au cours de l’année dernière, ce qui a donné lieu à des manifestations de grande ampleur menées par les meilleurs lutteurs olympiques indiens, dont Vinesh Phogat et Sakshi Malik. Les lutteurs ont réclamé justice et responsabilité pour les victimes de ces abus.
Les lutteurs ont été harcelés, menacés et même détenus en raison de leurs revendications. Le rapport souligne que l’Association olympique indienne (IOA) et d’autres organismes sportifs nationaux n’ont pas apporté un soutien adéquat aux athlètes et ont même critiqué leur approche. La situation a atteint son paroxysme en mai 2023, lorsque la police de Delhi a arrêté et détenu plusieurs lutteurs qui protestaient.
Un comité a été formé par le ministère indien de la Jeunesse et des Sports pour enquêter sur les accusations portées contre Singh, mais son approche a été décrite par les athlètes comme sceptique et axée sur la culpabilisation des victimes. De plus, malgré les nombreux témoignages de victimes, le comité n’a recommandé aucune mesure spécifique à l’encontre de Singh. En juin 2023, la Sport and Rights Alliance a exhorté le CIO à mener une enquête indépendante, mais à la publication du rapport, aucune mesure de ce type n’a été prise.
Ce scandale n’est pas un incident isolé au sein de la communauté sportive. Le scandale d’abus sexuels de l’équipe de gymnastique américaine, considéré comme le plus important de l’histoire du sport, a impliqué des centaines de gymnastes, principalement des mineures, sur une période de deux décennies. Larry Nassar, l’ancien médecin de l’équipe féminine de gymnastique américaine, a été reconnu coupable d’avoir abusé sexuellement de plus de 140 femmes et filles sous couvert de traitement médical. Le Comité olympique américain a été accusé d’avoir permis ces abus. D’autres incidents ont également eu lieu, comme le procès fédéral impliquant l’ancien médaillé d’or Steven Lopez et l’entraîneur olympique Jean Lopez, qui alléguait que le Comité olympique américain et l’équipe de taekwondo de l’équipe américaine se livraient à un trafic sexuel et à une négligence en envoyant des athlètes à des compétitions avec des prédateurs connus.
La Sport and Rights Alliance a formulé plusieurs recommandations au CIO, notamment une enquête complète et tenant compte des traumatismes subis par Singh et d’autres allégations d’abus au sein de la WFI. Alors que l’Inde se porte candidate à l’organisation des Jeux olympiques d’été de 2036, le rapport souligne la nécessité pour le gouvernement indien et le CIO de s’attaquer à ces abus et de mettre en œuvre des mesures d’amélioration significatives.