Le 25 juillet, le chef d’état-major de la Force terrestre d’autodéfense japonaise (JGSDF), le général Morishita Yasunori, a annoncé son intention de construire un champ de tir pour exercices de missiles sol-navire sur l’île de Minamitorishima dans le Pacifique.
Il s’agira du premier site de lancement d’un missile avec une portée de tir de plus de 100 kilomètres au Japon.
L’île de Minamitorishima est l’île la plus orientale du Japon, située à environ 2 000 kilomètres au sud-est de Honshu, la plus grande des quatre îles principales du Japon. Cette île isolée abrite déjà une base de la Force d’autodéfense maritime japonaise (JMSDF), et du personnel de l’Agence météorologique japonaise y est également stationné de manière permanente.
L’île a apparemment été choisie parce qu’elle n’abrite pas d’habitants réguliers et qu’elle est éloignée de la route des navires commerciaux, ce qui facilite la restriction de la zone maritime lors des tirs de missiles. Le site de lancement utilisera des terres à l’ouest de la base de la JMSDF.
Ce plan intervient alors que le gouvernement japonais s’empresse de renforcer ses capacités de contre-attaque, c’est-à-dire sa capacité à attaquer directement des cibles sur le territoire ennemi en cas d’urgence. Le gouvernement japonais a décidé d’acquérir des capacités de contre-attaque dans le cadre de sa stratégie de sécurité nationale approuvée en décembre 2022, en tenant compte de la poursuite de l’expansion militaire de la Chine à proximité de l’archipel japonais.
L’objectif de la JGSDF est de mettre en place un champ de tir pour son missile de surface-navire phare de type 12 (SSM), d’une portée de frappe d’environ 200 kilomètres. Le missile est actuellement en cours de modernisation pour devenir le premier missile de croisière longue portée fabriqué au Japon, qui aura une portée étendue d’environ 1 000 kilomètres.
Actuellement, les champs de tir japonais ne peuvent accueillir que des exercices de tir avec des missiles d’une portée d’environ 40 kilomètres. Par conséquent, la JGSDF a effectué des exercices de tir avec des missiles guidés de type 12 sur des champs de tir situés aux États-Unis et en Australie, ce qui a limité les possibilités d’entraînement de l’armée et le nombre d’unités participantes.
« Le fait que le Japon dispose de sa propre gamme de missiles contribuera à maintenir et à améliorer notre niveau de compétence », a déclaré le chef d’état-major de la JGSDF, Morishita, lors d’une conférence de presse régulière le 25 juillet.
La JGSDF devrait commencer ses opérations sur son site d’entraînement sur l’île de Minamitorishima après l’exercice 2026 et prévoit d’utiliser des munitions d’entraînement non explosives contre des cibles en mer à des dizaines, voire des centaines de kilomètres de distance.
En décembre 2023, le ministre japonais de la Défense, Kihara Minoru, a annoncé que la JGSDF déploierait le SSM Type 12 modernisé basé à terre à partir de son exercice budgétaire 2025, qui débute en avril prochain, un an plus tôt que prévu initialement.
Des exercices utilisant le SSM de type 12 amélioré seront très probablement menés sur le nouveau site d’entraînement de l’île de Minamitorishima.
La capacité actuelle du Japon en matière de missiles à distance repose principalement sur le missile guidé de type 12 amélioré, qui constitue le cœur de la capacité de contre-attaque du Japon.
Les missiles à distance de sécurité permettent à une armée d’attaquer des sites tels que des bases de missiles ennemies depuis l’extérieur de la portée de l’ennemi.
Dans son dernier livre blanc sur la défense publié le 12 juillet, le ministère japonais de la Défense a dévoilé une photo du prototype du SSM Type 12 amélioré. Il ressemble au Storm Shadow/SCALP EG, un missile de croisière franco-britannique à longue portée et à faible visibilité, lancé par voie aérienne. Le SSM Type 12 est conçu et construit par Mitsubishi Heavy Industries.
Le ministère de la Défense a également avancé le déploiement des missiles de croisière Tomahawk de fabrication américaine, d’une portée de plus de 1 600 kilomètres, à l’année fiscale 2025, soit un an plus tôt que prévu initialement.