L’Assemblée nationale du Népal a adopté jeudi à l’unanimité un projet de loi visant à modifier la loi sur la Commission d’enquête, de vérité et de réconciliation sur les disparitions forcées, selon des sources médiatiques locales.
Le projet de loi d’amendement vise à remédier aux graves violations des droits de l’homme commises pendant la guerre civile qui a duré dix ans au Népal et qui a débuté en 1996. La législation comprend des dispositions pour la création de commissions chargées d’enquêter sur les disparitions forcées et de superviser les efforts de vérité et de réconciliation, et elle décrit les mécanismes de réparation des victimes et les réductions potentielles de peine pour les auteurs qui font preuve de coopération et de remords.
Le projet de loi a été approuvé par la Chambre des représentants plus tôt dans la semaine et l’Assemblée nationale a adopté la législation sans révision.
Les partisans du projet de loi estiment que cette décision marque une étape importante dans le processus de justice transitionnelle du pays, qui est depuis longtemps bloqué. Malgré ce succès législatif, le projet de loi a suscité un débat considérable parmi les victimes du conflit, les militants des droits de l’homme et les observateurs internationaux.
Une partie des victimes du conflit, notamment celles représentées par le Réseau national des victimes du conflit, ont critiqué le projet de loi, le jugeant trop indulgent envers les auteurs de ces crimes, notamment en raison des dispositions autorisant une réduction de peine pouvant aller jusqu’à 75 % pour les violations graves des droits de l’homme, à l’exclusion des cas de viol et de violence sexuelle grave. Le président du réseau, Gopal Shah, a exprimé son profond mécontentement face à cette décision, qualifiant le projet de loi de « favorable aux auteurs de ces crimes » et incapable de rendre justice aux victimes.
Les organisations de défense des droits humains Amnesty International, Human Rights Watch et la Commission internationale de juristes ont également exprimé leurs inquiétudes au sujet du projet de loi dans une déclaration commune. Les organisations ont fait valoir que la classification des violations graves des droits humains prévue par le projet de loi est incompatible avec le droit international et ne traite pas de manière adéquate des crimes tels que la torture, qui sont considérés comme inhumains et cruels par nature. Les organisations ont exhorté le gouvernement népalais à modifier le projet de loi pour le rendre plus conforme aux normes internationales des droits humains et pour garantir que les responsables de crimes commis en temps de guerre soient pleinement tenus responsables de leurs actes.
Les critiques font également valoir que le fait que le projet de loi ne qualifie pas les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité de violations graves des droits de l’homme pourrait priver les victimes de leur droit à une justice complète. Le projet de loi ne mentionne pas ces crimes comme des infractions non amnistiables, ce qui fait craindre que les auteurs de ces crimes puissent échapper à toute responsabilité.
Malgré ces critiques, le projet de loi a été salué par certains comme une étape progressiste vers la conclusion du processus de paix au Népal, en suspens depuis près de deux décennies. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a salué cette loi comme une étape importante, soulignant son potentiel à rapprocher les victimes de la vérité, de la justice et des réparations. Il a également souligné l’importance de la transparence et de l’inclusivité dans la nomination des membres de la commission afin de garantir leur indépendance et leur compétence. M. Türk a reconnu les progrès réalisés grâce au projet de loi, mais a souligné la nécessité que sa mise en œuvre soit pleinement conforme aux normes internationales des droits de l’homme.