Un juge du centre-ville de Toronto a entendu mercredi, dans le cadre d’un exposé conjoint des faits, qu’une adolescente en détention avait été fouillée à nu à six reprises dans deux établissements différents pendant sa détention. Les fouilles auraient fait partie des procédures de routine dans ces établissements chaque fois qu’elle arrivait ou revenait d’une visite familiale ou d’une comparution devant un tribunal, en violation de la politique provinciale.
Le tribunal a entendu les récits qui s’étaient produits à la fois dans l’établissement de Sundance, géré par la St. Lawrence Youth Association à Kingston, en Ontario, et dans l’établissement de Woodview, géré par le Craigwood Children, Youth and Family Services à London, en Ontario. La politique écrite de Sundance exigeait que les filles soient complètement dénudées lors des fouilles, une politique en vigueur depuis 18 ans et qui n’a pris fin qu’en janvier 2023. L’établissement de Woodview n’aurait apparemment pas de politique écrite à ce sujet. La Cour de justice de l’Ontario, dans les affaires R. c. M.(S.) et R. c. A.(Z.), a reconnu que lors de la conduite de fouilles à nu sur des jeunes, leur statut de mineur devait être pris en considération.
Les fouilles à nu de routine contrevenaient au Règlement de l’Ontario 155/18, qui stipule que les fouilles à nu ne sont autorisées qu’en dernier recours et doivent être effectuées en fonction des circonstances particulières de l’adolescent. De plus, l’article 8 de la Charte canadienne des droits et libertés offre une protection contre les fouilles et les saisies abusives.
La Cour suprême du Canada a également jugé dans la décision historique R c. Golden que les fouilles à nu sont « intrinsèquement humiliantes et dégradantes ». De plus, le ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires a également proposé des modifications pour empêcher que des violations similaires ne se reproduisent à l’avenir. De plus, un rapport de mars 2019 du Bureau du directeur indépendant de l’examen de la police a révélé que les fouilles à nu effectuées par les policiers ne sont pas uniformes dans toute la province, environ 22 000 ayant lieu chaque année.
L’adolescente en question était l’une des huit filles accusées de l’attaque en groupe contre le sans-abri torontois Kenneth Lee en décembre 2022, et était en détention après avoir plaidé coupable de meurtre au deuxième degré dans l’attaque. La jeune fille aurait eu 13 ans lorsqu’elle a été placée en détention pour la première fois. Elle demande maintenant une réduction de peine, affirmant qu’elle souffrait de problèmes d’image corporelle depuis son enfance, qui ont été exacerbés par les fouilles, et qu’elle ne peut être identifiée en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.