Amnesty International a appelé lundi les États-Unis à fournir une aide humanitaire d’urgence à plus de 8 000 Syriens déplacés dans le camp de Rukban, une zone reculée du sud-est de la Syrie à la frontière avec la Jordanie et l’Irak.
En 2011, Rukban est devenu l’un des points de passage des réfugiés syriens fuyant la guerre civile syrienne. Cependant, pour des raisons de sécurité, la Jordanie a bloqué l’entrée des réfugiés de Rukban dans le pays, ce qui a conduit à la création du camp de réfugiés. Depuis 2016, les États-Unis maintiennent une base militaire à 16 kilomètres de Rukban, exerçant de facto un contrôle effectif sur la zone où se trouve le camp de réfugiés.
Ces dernières années, le gouvernement syrien a renforcé le blocus du camp, empêchant l’aide de l’ONU d’atteindre les réfugiés. Amnesty International exhorte les États-Unis à fournir une aide vitale, notamment des produits de première nécessité comme de la nourriture, de l’eau potable et des soins de santé, aux habitants de Rukban. Aya Majzoub, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International, a déclaré :
Le gouvernement syrien doit immédiatement lever le siège de la zone et permettre à l’aide humanitaire d’atteindre les résidents du camp. En outre, étant donné que les États-Unis exercent de facto un contrôle effectif sur le territoire où se trouve le camp, ils doivent remplir leurs obligations en matière de droits de l’homme et veiller à ce que les résidents du camp aient accès à la nourriture, à l’eau et aux soins de santé essentiels.
En vertu du droit international humanitaire, une occupation a lieu lorsque l’armée ennemie contrôle effectivement le territoire. L’article 42 du Règlement de La Haye de 1907 stipule qu’un territoire est considéré comme occupé lorsqu’il est placé sous l’autorité de l’armée ennemie, et la puissance occupante ne peut exercer cette autorité que là où elle a été établie. En outre, l’article 55 de la Quatrième Convention de Genève et l’article 69 du Protocole additionnel I stipulent que la puissance occupante est responsable du fonctionnement continu des services publics au profit de la population sous occupation. La puissance occupante doit donc veiller à ce que la population civile dispose des nécessités de base nécessaires à sa survie, notamment de la nourriture, des fournitures médicales, des vêtements et un abri.
Malgré l’engagement de 500 hommes de Rukban par l’armée américaine, aucune assistance régulière n’a été apportée aux réfugiés du camp. Dans une déclaration faite lors du Forum sur la sécurité d’Aspen en 2019, le représentant spécial des États-Unis pour l’engagement en Syrie, James Jeffrey, a déclaré que les États-Unis ne se reconnaissaient pas comme une puissance occupante à Rukban, niant toute responsabilité dans les besoins humanitaires du camp.