Un groupe de municipalités bilingues du Québec a demandé une suspension temporaire des dispositions d’une loi exigeant l’utilisation de la langue française dans toutes les procédures municipales, tout en poursuivant une contestation plus large contre le projet de loi 96, la nouvelle loi linguistique controversée du Québec.
Les médias locaux rapportent que Julius Grey, l’avocat représentant les municipalités, a demandé la suspension de quatre dispositions de la loi en attendant une décision sur le reste des contestations constitutionnelles de la municipalité :
Une règle exigeant que tous les contrats municipaux soient rédigés en français, même lorsque toutes les parties sont anglophones. Dispositions permettant à la province de retenir le financement des municipalités qui ne respectent pas les exigences de la loi. Dispositions permettant aux agents de langue française d’effectuer des perquisitions et de saisir des documents sans mandat. Dispositions obligeant les municipalités à punir les employés qui ne respectent pas le projet de loi 96.
Gray a soutenu que les plaignants subiraient un « préjudice grave » si ces dispositions restaient en vigueur en attendant les décisions des autres contestations de la loi. De plus, il a soutenu que les municipalités ne devraient pas avoir à appliquer des lois ayant un effet aussi important, surtout à la lumière de l’impact limité sur l’administration de la loi qu’aurait une telle suspension temporaire.
En réponse, le procureur du défendeur, le procureur général du Québec, a avancé trois contre-arguments. Premièrement, aucune preuve n’a été fournie démontrant que les lois étaient appliquées durement à l’encontre des municipalités. Deuxièmement, la gouvernance municipale relève de la compétence du gouvernement provincial et le Québec a donc le droit de réglementer les municipalités. Troisièmement, aucun des problèmes soulevés par les municipalités n’était suffisamment grave pour justifier une ingérence dans le fonctionnement de la loi.
Le projet de loi 96 a été adopté par la législature du Québec pour tenter d’encourager l’usage du français dans les milieux privés et gouvernementaux. Certaines de ces mesures comprennent l’établissement d’une limite pour les étudiants qui poursuivent des études postsecondaires en anglais, l’obligation pour les entreprises de plus de 25 employés d’utiliser le français comme langue commune et diverses autres mesures visant à encourager l’usage du français dans divers contextes.
Le projet de loi 96, cependant, est devenu controversé en raison de l’application de la clause nonobstant à l’ensemble du projet de loi plutôt qu’à un seul article. L’article 33, la clause dérogatoire, permet aux provinces de violer certaines parties de la Charte canadienne des droits et libertés, à la seule condition qu’elles invoquent la clause. Cependant, cette clause n’a pas été aussi largement appliquée dans l’histoire récente. De plus, il est largement admis que le projet de loi 96 porte atteinte aux droits linguistiques minoritaires des anglophones de la province, puisque les francophones et les anglophones ont le droit de recevoir une éducation dans leur langue maternelle en vertu de l’article 23 de la Charte.