L’Assemblée nationale du Pakistan a approuvé lundi le 26e projet de loi d’amendement constitutionnel, des groupes internationaux exprimant leurs inquiétudes quant à l’érosion de l’indépendance judiciaire du pays.
L’amendement modifie l’article 175 de la Constitution, introduisant un processus de sélection pour le juge en chef du Pakistan. Une commission parlementaire sélectionnera le juge en chef parmi les trois juges les plus anciens de la Cour suprême, sous réserve de l’approbation du président. Le juge en chef exercera un mandat de trois ans, avec un âge de retraite fixé à 65 ans.
L’amendement impose également la création de chambres constitutionnelles, présidées par le juge le plus ancien, à la fois à la Cour suprême et dans les hautes cours. La structure de la Chambre constitutionnelle sera déterminée au niveau fédéral par une séance conjointe du Parlement et au niveau provincial par l’assemblée provinciale respective, exigeant une majorité simple.
Les amendements à l’article 215 de la Constitution stipulent que les membres de la Commission électorale du Pakistan resteront en poste jusqu’à ce que leurs successeurs soient nommés, garantissant ainsi la continuité et la stabilité du processus électoral.
La réforme abaisse également le seuil de saisine du Conseil de l’idéologie islamique de 40 pour cent à 25 pour cent des parlementaires.
Au-delà des changements judiciaires, l’amendement inclut des dispositions sur la protection de l’environnement, le reconnaissant comme un droit fondamental des citoyens. Il vise à éliminer une économie basée sur l’usure d’ici 2028, en s’attaquant aux problèmes économiques de longue date liés aux pratiques traditionnelles.
Le ministre de la Défense Khawaja Asif a déclaré que l’amendement « vise à restaurer l’autorité du parlement » et à donner du pouvoir au peuple par l’intermédiaire de ses représentants élus. D’un autre côté, la Commission internationale de juristes a soutenu que les amendements portent atteinte à l’indépendance judiciaire du pays en « apportant[ing] un niveau extraordinaire d’influence politique sur le processus de nomination des juges et sur la propre administration du pouvoir judiciaire.
Auparavant, des critiques avaient exprimé leurs inquiétudes quant à l’incompatibilité de l’amendement avec le système de common law pakistanais, fondé sur un précédent. L’ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan a également fait appel au rapporteur de l’ONU sur les juges et les avocats, arguant que les amendements restreindraient le droit de Khan de contester les décisions judiciaires et les mesures coercitives visant Khan.
Le projet de loi nouvellement adopté va maintenant être envoyé au président pour approbation en vertu de l’article 75 de la Constitution. Suite à l’approbation du cabinet fédéral, le Premier ministre Shehbaz Sharif a salué cette décision comme une réalisation majeure pour le développement et le progrès du Pakistan. Il a déclaré que «[b]e grâce d’Allah, après avoir stabilisé l’économie, nous avons maintenant franchi une étape importante pour la stabilité constitutionnelle et l’État de droit au Pakistan.