Le déplacement forcé de civils à Gaza par Israël pourrait constituer un crime de guerre, selon un rapport de Human Rights Watch (HRW). Le rapport affirme que les opérations militaires israéliennes ont déplacé la quasi-totalité de la population de Gaza, avec des ordres d’évacuation émis dans des conditions qui empêchent un passage sûr et un accès aux ressources essentielles dans un contexte de crise humanitaire.
Le rapport critique les ordres d’évacuation d’Israël, les décrivant comme manquant d’instructions claires et émis pendant des périodes de coupure de communication, laissant les résidents avec des informations insuffisantes pour se mettre en sécurité. Les ordres d’évacuation laissaient souvent peu de temps aux civils pour traverser les zones de combat actives et dirigeaient les évacués vers des « zones de sécurité » désignées, qui ont fait l’objet d’attaques répétées.
HRW a également fait part de ses inquiétudes quant aux conditions dans les zones dites sûres de Gaza, comme al-Mawasi, où les résidents déplacés n’ont pas accès à l’eau, à l’assainissement et à l’aide humanitaire. En vertu du droit de la guerre, Israël doit garantir la santé et la sécurité des populations déplacées pour invoquer une exception d’évacuation ; cependant, le rapport de HRW révèle de graves pénuries de nourriture, d’eau et de soins médicaux. La crise humanitaire à Gaza, aggravée par les blocus israéliens et l’interdiction de l’UNRWA, a laissé près de deux millions de personnes dans l’insécurité alimentaire. Malgré les ordonnances de la Cour internationale de Justice concernant l’accès humanitaire, HRW a souligné que les blocus et les attaques contre les infrastructures en cours aggravent la crise.
L’article 8 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale définit les « crimes de guerre » comme des violations graves des Conventions de Genève de 1949 visant des personnes ou des biens protégés. Les exemples incluent le déplacement forcé de civils, les homicides volontaires, la torture et les préjudices graves causés à des individus.
Le rapport de HRW affirme qu’Israël n’a pas satisfait à la norme juridique de « l’impératif militaire » requise pour justifier le déplacement massif de civils. Selon cette norme, en tant que puissance occupante à Gaza, Israël a la responsabilité de démontrer que les évacuations, qui ont déplacé la quasi-totalité de la population, étaient soit une mesure de dernier recours essentielle aux objectifs militaires, soit nécessaires à la sécurité des civils. Selon le droit international, le terme « impératif » requiert un niveau élevé qui va au-delà des nécessités militaires habituelles. HRW a fait valoir que cette norme n’a pas été respectée dans la mesure où les civils sont principalement menacés par les bombardements continus, qui ne justifient pas automatiquement un déplacement forcé.
Amnesty International a critiqué le gouvernement américain pour ne pas avoir respecté ses obligations légales concernant le blocus israélien de l’aide essentielle à Gaza. Selon la loi américaine, il est interdit aux bénéficiaires de l’aide étrangère de faire obstacle à l’aide humanitaire. Cependant, Amnesty International a souligné que les États-Unis n’ont pris aucune mesure significative pour tenir Israël pour responsable du blocage de ressources essentielles permettant d’atteindre les civils à Gaza. Selon l’organisation, cette inaction aggrave la crise humanitaire à Gaza en permettant à Israël de poursuivre ses mesures restrictives sans en subir les conséquences.