La Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a publié mardi un rapport soulignant la détérioration de la situation de la liberté de la presse en Afghanistan, les journalistes étant confrontés à des restrictions croissantes, à des détentions arbitraires et à une atmosphère généralisée de peur et d’autocensure depuis la prise du pouvoir par les talibans. en août 2021.
Sous le contrôle des talibans, les journalistes afghans sont confrontés à de nombreux dangers, tels que les menaces, la torture et l’intimidation, ainsi que les arrestations arbitraires sans procédure judiciaire appropriée. Entre août 2021 et septembre 2024, la MANUA a enregistré 336 infractions contre des journalistes et du personnel des médias, avec 130 cas de torture et de mauvais traitements. Ces mesures soulignent le contrôle strict de l’information exercé par les Taliban, qui contraint les journalistes à travailler dans la crainte constante de représailles.
La censure est un outil essentiel pour faire respecter cette oppression. Les talibans ont publié des ordres peu clairs interdisant le matériel qu’ils estiment aller à l’encontre de leur version de l’islam ou des traditions afghanes. Associées aux défis financiers, ces mesures ont entraîné la fermeture de plus de 40 % des établissements de médias depuis que les talibans ont repris le contrôle. Les journalistes restants doivent respecter des restrictions éditoriales strictes et obtenir l’approbation des responsables talibans avant de publier, ce qui conduit à une autocensure généralisée.
Les femmes journalistes sont confrontées à une situation particulièrement désastreuse. Sous le régime taliban, les femmes sont soumises à des contraintes supplémentaires telles que des obligations vestimentaires, des restrictions de mouvement et l’interdiction d’apparaître dans les émissions. De nombreuses femmes ont été contraintes d’abandonner complètement leur profession en raison de l’obligation d’être accompagnées d’un tuteur masculin (mahram) lorsqu’elles voyagent et de respecter des directives strictes de comportement en public. Ces actions portent non seulement atteinte aux droits des femmes, mais diminuent également la diversité des points de vue dans les médias afghans, étouffant les perspectives critiques et les sujets qui ont un impact sur les femmes.
Même si certains médias afghans se sont déplacés à l’étranger pour poursuivre leurs activités, ils subissent toujours des intimidations de la part des talibans. La détermination du régime à faire taire les points de vue opposés est évidente dans ses tentatives de perturber les fréquences satellitaires et de prendre le contrôle des espaces en ligne.
Certains médias afghans ont déménagé dans d’autres pays pour poursuivre leurs opérations, mais continuent de faire face à des intimidations persistantes de la part des talibans. Les efforts du régime pour perturber les signaux satellite et prendre le contrôle des plateformes médiatiques soulignent sa détermination à réprimer les voix dissidentes, même au-delà des frontières afghanes. Malgré ces défis, les médias en exil restent essentiels pour les citoyens afghans, car ils fournissent des informations non censurées et contrecarrent le discours de propagande des talibans.
La censure et l’intimidation des talibans violent l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), qui garantit le droit à la liberté d’expression. En tant que signataire du PIDCP, les actions de l’Afghanistan mettent en évidence une érosion plus large des normes juridiques qui met en danger ses citoyens et sape les efforts internationaux visant à faire respecter la justice et les droits de l’homme.