Auteur : Nicolas Van Damme (solvo.legal)
Par jugement du 22 novembre 2024 (AR n° C.20.0592.N), la Cour de cassation a rappelé le caractère relatif de la liberté d’entreprise.
Avec une base directe dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE (art. 16), le Code de droit économique (art. II.3) et la loi spéciale sur la réforme des institutions (art. 6, VI., paragraphe 3) et une base indirecte, entre autres, dans la CEDH (article 8), la Constitution (articles 12 et 16) et le TFUE (article 119), la liberté d’entreprise affecte sans aucun doute le public ordre (art. 1.3 BW fr Cass. 26 février 2021, AR nr. C.20.0331.N).
Tout comme les autres droits et libertés fondamentaux (voir cependant Parl.St. Chambre, 2012-13, n° 53/2543/001, p. 23), la liberté d’entreprise n’est pas absolue et peut être limitée pour des raisons d’intérêt général (ordre public), à condition que la limitation n’aille pas au-delà de ce qui est nécessaire pour atteindre l’objectif visé (proportionnalité).
En l’espèce, la Cour de cassation confirme ce qui précède comme suit :
« Ni l’article 8 de la CEDH, ni l’article 23 de la Constitution, ni la liberté d’entreprise garantie aux articles II.3 et II.4 du WER n’empêchent le législateur ou le régulateur compétent de réglementer les activités économiques des personnes et des entreprises. Il n’agirait de manière déraisonnable que s’il restreignait la liberté d’entreprendre sans qu’il soit nécessaire de le faire ou si cette restriction était disproportionnée au but poursuivi.»
Quels étaient les faits ?
Par lettre recommandée en date du 6 mai 2020, le requérant a demandé à être réinscrit sur la liste des agents immobiliers stagiaires, dans la colonne agent immobilier-médiateur. Par décision du 5 juin 2020, la Chambre exécutive de l’Institut professionnel des agents immobiliers a refusé cette demande, invoquant l’article 33 de l’ancien règlement de stage.
L’article 33 de l’ancien règlement de stage (cf. article 31 actuel du règlement de stage) était ainsi rédigé :
« Tout stagiaire omis peut demander sa réinscription dans la ou les colonnes de la liste des stagiaires afin d’entreprendre un nouveau stage. Une seule réinscription peut être autorisée ».
Un appel contre cette décision a été rejeté devant la Chambre d’appel. Un pourvoi en cassation a été déposé contre cette décision.
Qu’a décidé la Cour de cassation ?
La jurisprudence (tant de la Cour constitutionnelle que du Conseil d’État et de la Cour de cassation) conclut rarement que la liberté d’entreprise a été affectée de manière disproportionnée par une règle de droit (par exemple une atteinte disproportionnée en période de Covid-19 : RvS 28 décembre 2021 , Non. 252.564).
Dans cette affaire, la Cour de cassation a également conclu que la liberté d’entreprendre n’était pas affectée de manière disproportionnée par le régime des stages :
« La règle contenue à l’article 33, alinéa 2, du règlement de stage, selon laquelle un stagiaire omis de la liste des stagiaires ne peut demander sa réinscription sur cette liste qu’une seule fois, vise à servir les intérêts des consommateurs et de la société dans son sens. dans son intégralité, d’empêcher toute personne qui n’a pas encore justifié de posséder les qualifications professionnelles nécessaires d’exercer des activités d’agent immobilier par réinscription illimitée sur la liste des stagiaires.
Cette règle n’est pas disproportionnée, compte tenu de l’importance économique et sociale des transactions immobilières et compte tenu du fait que le règlement des stages contient diverses dispositions visant à éviter qu’un stagiaire soit définitivement exclu de la possibilité d’exercer la profession d’agent immobilier. avec le but poursuivi. »
Que faut-il retenir ?
Si vous êtes confronté à une règle de droit qui affecte de manière disproportionnée votre liberté d’entreprendre, il est extrêmement important que vous soyez assisté par un avocat compétent qui puisse vous guider dans une procédure visant à neutraliser cette règle de droit qui vous porte préjudice, maintenant que le cas est résolu. la loi est très stricte et seule une décision exceptionnelle peut imposer un préjudice disproportionné.
Bron : solvo.legal