Le Centre de justice pour les libertés constitutionnelles (JCCF), ainsi que John MacKinnon et Lisa Lavranos, ont intenté une action en justice mardi visant à faire annuler la récente décision du premier ministre Justin Trudeau de demander la prorogation du Parlement.
La contestation, déposée devant la Cour fédérale, demande une déclaration judiciaire selon laquelle le Parlement n’a pas été prorogé et conteste la validité constitutionnelle de la décision de Trudeau. Le procès cite une décision historique de 2019 de la Cour suprême du Royaume-Uni qui a mis un terme à la tentative du Premier ministre de l’époque, Boris Johnson, de faire taire le débat parlementaire avant la date limite du Brexit.
La prorogation au Canada est un acte de prérogative de la Couronne régi par des conventions constitutionnelles, pris sur l’avis du premier ministre et qui entraîne la fin d’une session. Dans un tel cas, les députés sont relevés de leurs fonctions parlementaires jusqu’à la session parlementaire suivante.
La demande de prorogation a été faite par Justin Trudeau après avoir annoncé lundi sa démission à la tête du Parti libéral du Canada, alors que son parti entame le processus de nomination pour trouver un nouveau chef. La demande de prorogation du 44e Parlement du Canada a été acceptée par la gouverneure générale Mary Simon. Les experts juridiques notent que le procès se heurte à des obstacles importants, mais qu’il annulera la prorogation et entraînera la reprise du Parlement dès le 27 janvier si la motion est acceptée.
Le gouverneur général, en tant que représentant du roi, ne peut généralement pas refuser la demande de prorogation du premier ministre, car une telle action pourrait constituer une ingérence dans le droit des Canadiens de se gouverner eux-mêmes. De plus, dans une décision controversée en 2008, l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper a demandé avec succès la prorogation après que les partis d’opposition ont annoncé un accord pour vaincre conjointement son gouvernement minoritaire. Justin Trudeau a également prorogé le Parlement en 2020 lors de la controverse sur WE Charity.
Cela survient après que Démocratie en surveillance a appelé tous les partis politiques à agir dans l’intérêt public en ne demandant pas de prorogation. Ils se sont également engagés à contester toute demande de prorogation si elle est dans l’intérêt personnel des libéraux et si tous les partis d’opposition voteront clairement une motion de censure contre le gouvernement.
La Cour fédérale n’a pas encore programmé d’audience pour l’affaire et l’issue pourrait avoir des implications importantes sur les limites du pouvoir exécutif au Canada et sur le rôle du pouvoir judiciaire dans la surveillance des questions constitutionnelles. Cependant, à ce stade précoce, l’impact et l’issue de l’affaire restent incertains.