La présence croissante de la Chine dans la région de l’océan Indien (IOR) a été marquée par une légère hausse des déploiement de sous-marins et les visites fréquentes de navires chinois de surveillance et de recherche. Ces navires, apparemment engagés dans l’exploration scientifique, collectent souvent des données cruciales sur les fonds marins pour faciliter les opérations sous-marines chinoises, ce qui représente un défi stratégique pour l’Inde.
Les sous-marins à propulsion nucléaire (SSN), avec leur endurance supérieure et leur portée opérationnelle permise par les réacteurs nucléaires, constituent une plate-forme robuste pour contrer de telles activités. Les SSN jouent un rôle essentiel dans le renforcement des capacités maritimes de l’Inde dans la région de l’océan Indien, où l’avantage géographique de l’Inde lui confère un avantage sur la Chine.
Toutefois, la flotte sous-marine actuelle de l’Inde est dominé par les sous-marins conventionnelsdont la portée et l’endurance sont limitées. La flotte existante de sous-marins nucléaires lance-missiles (SNLE) est réservée en priorité à la dissuasion nucléaire. Pour combler cette lacune, les SSN constituent un complément essentiel, d’autant plus que les pays voisins comme le Pakistan et le Bangladesh augmentent également leurs capacités sous-marines.
En octobre 2024, l’Inde a pris une décision décisive en approuvant un projet visant à construire deux sous-marins à propulsion nucléaire et, à terme, à étendre cette flotte pour en inclure quatre autres. Cette décision souligne l’urgence croissante ressentie par la marine indienne de renforcer ses capacités, notamment en réponse au défi stratégique croissant posé par la Chine dans l’IOR. L’acquisition des SSN représente une étape importante dans l’amélioration de la dissuasion et de la portée opérationnelle de l’Inde dans une région où son influence est critique et contestée.
Dynamique régionale et rôle de l’AUKUS
Les tensions géopolitiques résultant de la rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine ont accéléré le rythme de la modernisation militaire dans la région. L’accord AUKUS, qui vise à équiper l’Australie – partenaire Quad de l’Inde – de SSN, illustre cette tendance. En outre, d’autres pays de l’Indo-Pacifique, comme l’Indonésie et la Malaisie, visent également à renforcer leurs flottes de sous-marins. En mars 2024, l’Indonésie a signé un accord pour acquérir deux sous-marins de classe Scorpène de France et de Malaisie a l’intention d’acquérir deux sous-marins supplémentaires dans le cadre de ses 14e et 15e plans malaisiens (2031-35 et 2036-40).
Plus près de chez nous, l’acquisition par le Pakistan de sous-marins de classe Hangor et l’acquisition par le Bangladesh de Sous-marins de classe Ming – tous deux achetés à la Chine – mettent en évidence une accumulation d’armes dans la région qui nécessite une réponse de l’Inde. Le premier des huit Sous-marins Hangar II pour le Pakistan a été lancé au chantier naval de Wuchang à Wuhan, en Chine, début 2024.
La prolifération de technologies sous-marines avancées parmi les acteurs régionaux souligne la nécessité pour l’Inde de développer des SSN pour sauvegarder ses intérêts dans un environnement stratégique de plus en plus complexe.
La marine indienne envisage de construction les SSN au Ship Building Center de Visakhapatnam. La complexité de la technologie SSN, qui combine des systèmes de propulsion avancés, des capacités furtives et des fonctionnalités de haute endurance, pose un formidable défi à la base industrielle de défense naissante de l’Inde. Historiquement, l’Inde s’est appuyée sur l’aide étrangère pour de tels projets. Par exemple, les SNLE indiens ont été développés avec un soutien important de la Russie, et le pays a déjà loué SSN de classe Akula de Russie. Cependant, les conséquences géopolitiques de la guerre russo-ukrainienne et les sanctions qui l’accompagnent contre les entités russes ont perturbé les collaborations en matière de défense, entraînant des retards dans les projets en cours. Les paiements pour un nouveau contrat de location signé en 2019 sont bloqués et le projet ne sera probablement pas achevé avant 2028.
Ces défis soulignent l’urgence de diversifier les partenariats de défense de l’Inde.
La France : un partenaire fiable et stratégique
La France est devenue un partenaire incontournable dans le paysage de défense indien. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), La France est devenue le deuxième exportateur mondial d’armes en 2024l’Inde étant son principal client. Cela reflète un changement dans la stratégie d’approvisionnement en matière de défense de l’Inde, qui vise à réduire sa dépendance excessive à l’égard de la Russie. Entre 2009 et 2023, la défense indienne les importations en provenance de Russie ont chuté de façon spectaculairede 76 pour cent du total indien de 2009 à 2013 à 36 pour cent de 2019 à 2023. Ce pivot stratégique s’aligne sur l’objectif plus large de l’Inde de diversifier ses importations de défense, faisant de la France un collaborateur idéal pour le projet SSN.
Le partenariat stratégique France-Inde, établi en 1998s’est considérablement approfondi au cours de la dernière décennie. La France s’est tenue aux côtés de l’Inde en 1998 lorsque de nombreux pays occidentaux, dont les États-Unis, ont imposé des sanctions en réponse aux essais nucléaires indiens. Cette histoire de fiabilité politique et de confiance mutuelle est la pierre angulaire de toute collaboration impliquant des technologies de défense sensibles telles que les SSN.
Technologie avancée et développement conjoint
La France a proposé partager des technologies avancées, telles que la propulsion à pompe, qui améliore la furtivité et l’efficacité des sous-marins. Cette proposition reflète la volonté de la France de s’engager dans un transfert de technologie significatif, un facteur essentiel pour l’Inde alors qu’elle cherche à développer ses capacités de défense locales. Le premier des six SSN prévus par l’Inde pourrait être doté de la technologie française de pompe-jet, tandis que les modèles suivants pourraient intégrer des systèmes de propulsion de conception indienne une fois que ceux-ci auront été testés et validés.
Le SSN français de classe Suffrenégalement connus sous le nom de classe Barracuda, réputés pour leur faible signature sonore et leurs réacteurs nucléaires avancés, offrent des avantages significatifs par rapport aux capacités sous-marines existantes de l’Inde. Par exemple, les réacteurs nucléaires proposés pour ces sous-marins ont une puissance nominale de 190 MW, contre 84 MW pour les SNLE indiens conçus avec l’aide de la Russie. Cette amélioration substantielle de la puissance du réacteur se traduit par une plus grande portée opérationnelle et une plus grande endurance, essentielles aux objectifs stratégiques de l’Inde dans l’IOR.
L’écosystème industriel de défense indien devrait bénéficier de sa collaboration de longue date avec le groupe naval français, constructeur des sous-marins de la classe Suffren. Naval Group s’était auparavant associé à des sociétés indiennes pour coproduire des sous-marins de classe Scorpène, qui incorporaient plusieurs composants indiens. Par exemple, l’intégration d’un système de propulsion indépendant de l’air développé en Inde et de systèmes de combat fournis par Bharat Electronics Limited (BEL) démontre le succès de cette collaboration. Ces expériences constituent une base solide pour la coproduction de SSN, s’alignant sur la vision du gouvernement indien d’une plus grande participation nationale dans la fabrication de défense.
L’engagement de la France dans la modernisation de la défense indienne
La France a toujours exprimé sa volonté de soutenir le programme SSN de l’Inde. En 2017, Sunil Lanba, alors chef de la marine indienne, s’est rendu dans un chantier naval français pour examiner les SSN de la classe Suffren. Plus récemment, lors du mandat du Premier ministre Narendra Modi visite en France en juillet 2023, les deux nations ont publié le «Horizon 2047» document, décrivant des plans ambitieux de collaboration en matière de défense, qui comprennent la construction de la flotte sous-marine indienne. Ambassadeur de France en Inde Emmanuel Lenain réaffirme L’engagement de la France à fournir des technologies de défense de pointe sans restrictions, soulignant la profondeur de la confiance entre les deux nations.
La confiance politique entre l’Inde et la France, renforcée par des décennies de collaboration fiable, fait de la France le partenaire le plus approprié pour construire des réseaux sociaux. Contrairement à d’autres pays occidentaux, la France a toujours démontré sa volonté de partager des technologies critiques et de s’adapter aux besoins spécifiques de défense de l’Inde. L’expertise de Naval Group dans les technologies sous-marines avancées, combinée aux capacités industrielles croissantes de l’Inde, crée un partenariat synergique qui promet de fournir des SSN de classe mondiale.
Conclusion
À une époque de changements géopolitiques et d’intensification de la concurrence entre grandes puissances, le partenariat entre l’Inde et la France s’impose comme un modèle de confiance, de fiabilité et d’avantages mutuels. La construction des SSN représente une étape cruciale pour les capacités de défense de l’Inde, répondant à la fois aux défis stratégiques immédiats et aux besoins de sécurité à long terme. L’expérience avérée de la France en matière de technologie sous-marine avancée, combinée à sa volonté de s’engager dans un transfert de technologie significatif, en fait un partenaire indispensable pour le programme SSN de l’Inde. Alors que les deux pays travaillent ensemble pour relever les défis du 21e siècle, leur collaboration sur les SSN témoignera de la force et de la résilience de leur partenariat stratégique.