La Haute Cour de Peshawar (PHC) a rendu vendredi une ordonnance provisoire de deux pages empêchant le rapatriement forcé d’environ 150 chanteurs et musiciens afghans ayant fui vers le Pakistan après le retour au pouvoir des talibans en 2021, selon les médias locaux.
Le juge Wiqar Ahmad, qui a présidé l’affaire, a demandé au gouvernement de statuer sur les demandes d’asile des musiciens dans un délai de deux mois. Le tribunal a déclaré que si les demandes d’asile ne sont pas résolues dans les 60 jours, le secrétaire du ministère de l’Intérieur devrait accorder aux requérants l’autorisation de rester pendant une période suffisante pour parvenir à une décision finale. Le tribunal a également autorisé les musiciens à s’adresser au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour traiter leur demande d’asile.
Les musiciens ont déposé une pétition l’année dernière, citant les craintes de persécution sous les talibans, qui ont interdit la musique et réprimé les artistes au cours de leur premier mandat au pouvoir, de 1996 à 2001. Depuis la prise de pouvoir du gouvernement afghan par les talibans en août 2021, les musiciens du pays ont ont exprimé leurs craintes d’une nouvelle répression.
Selon le HCR, le Pakistan offre depuis longtemps une protection aux réfugiés et aux demandeurs d’asile. En octobre 2024, environ 1,5 million de réfugiés et demandeurs d’asile afghans ayant besoin de protection vivaient au Pakistan.
Le Pakistan ne dispose toutefois pas d’un système d’asile national formel et n’est pas signataire de la Convention relative aux réfugiés de 1951. Le HCR continue de plaider en faveur d’un meilleur accès aux droits fondamentaux pour les réfugiés et les demandeurs d’asile au Pakistan. En particulier, le HCR a considérablement élargi ses programmes de protection en réponse au récent Plan de rapatriement des étrangers illégaux (IFRP) du Pakistan, qui soumet les réfugiés afghans « sans papiers » à l’expulsion.
Amnesty International a dénoncé mercredi l’IFRP, appelant le gouvernement pakistanais à respecter ses obligations internationales en matière de droits humains et à protéger les réfugiés afghans. Le groupe de défense des droits a condamné les récents rapports faisant état de détentions arbitraires et de harcèlement contre les réfugiés afghans, déclarant : «Tous les réfugiés et demandeurs d’asile, quel que soit leur statut en matière de papiers, ont droit à une procédure régulière et à une protection contre le retour forcé conformément au droit international des droits de l’homme.
Face aux craintes croissantes d’expulsion, les musiciens afghans ont accueilli la décision du tribunal comme une « lueur d’espoir » offrant un soulagement à leur communauté. Musicien Zarwali Afghan a déclaré : « Nous avions peur, mais la récente décision du tribunal a suscité la joie au sein de notre communauté… Nous espérons que le gouvernement examinera nos cas pour des raisons humanitaires. »