Auteur : Alain Uyttenhove (Crivits & Persyn)
Depuis de nombreuses années, la « nomination permanente » constitue l’un des fondements du statut de la fonction publique. La nomination permanente d’un fonctionnaire garantit que, contrairement aux salariés, la relation de travail ne peut pas être simplement interrompue. Traditionnellement, cela ne peut être fait qu’à titre de mesure disciplinaire, qui ne peut être imposée que dans le cadre d’une procédure disciplinaire strictement formellement réglementée. La situation est en train de changer, du moins pour les responsables provinciaux et municipaux.
Le 10 juillet 2023, l’arrêté modifiant l’arrêté provincial du 9 décembre 2005 et l’arrêté du 22 décembre 2017 relatif aux collectivités locales, relatif à la cessation du statut d’agent statutaire, a été publié au Moniteur belge. Bref, ce décret fait en réalité deux choses. D’une part, le décret supprime les sanctions disciplinaires « révocation d’office » et « révocation ». En revanche, le décret prévoit que les dispositions de la loi sur les contrats de travail s’appliqueront désormais à la cessation du statut d’agent statutaire.
Concrètement, cela signifie que l’emploi d’un fonctionnaire provincial ou local peut désormais être résilié avec un délai de préavis ou peut être résilié moyennant le paiement d’une indemnité de licenciement, comme si le fonctionnaire était un simple employé. La relation de travail peut également être résiliée pour un motif urgent. Les règles relatives à la résiliation pour cause de force majeure médicale s’appliquent également. La seule différence de principe avec un employé ordinaire du secteur privé est que si le fonctionnaire est licencié pour incapacité professionnelle due à des performances insuffisantes, cela ne peut se faire qu’après une évaluation préalable. Cette dernière n’est pas une règle générale dans le secteur privé.
Ce changement fondamental dans le paysage du droit de la fonction publique vise à moderniser le statut juridique des fonctionnaires des autorités locales et provinciales et à éliminer davantage les différences entre les employés statutaires et contractuels. L’accord de coalition flamand 2019-2024 prévoyait qu’un régime de licenciement serait développé pour les fonctionnaires statutaires des autorités locales et provinciales, identique au régime de licenciement prévu dans la loi sur les contrats de travail. Les travailleurs contractuels dans la fonction publique constituent un groupe en constante augmentation. Ce sont des salariés, en principe couverts par la loi sur les contrats de travail et peuvent donc être licenciés de manière plus simple et plus flexible.
La nomination (plus ou moins) à vie comme fonctionnaire a toujours été justifiée par le principe de la « variabilité de la fonction publique ». Cette variabilité exige une grande flexibilité de la part du fonctionnaire quant à la nature et à l’exécution de sa mission. En échange, il y avait la garantie que le conseil d’administration ne pourrait pas simplement mettre fin à son mandat. Un emploi permanent en échange de flexibilité, bien sûr. Il est aujourd’hui remarquable que, sur la base de la même variabilité, le principe de nomination permanente soit abandonné au profit d’une politique du personnel plus flexible.
Il est également important de souligner que le licenciement d’un agent statutaire ne peut pas être « manifestement déraisonnable ». Le licenciement doit être fondé sur la conduite du fonctionnaire ou sur les nécessités du fonctionnement de l’administration. Il ne s’agit peut-être pas d’une résiliation qui n’aurait jamais été décidée par un gouvernement local normal et raisonnable. Cette disposition s’inspire de la convention collective de travail n° 109, qui a introduit en 2014 l’interdiction des licenciements manifestement abusifs pour les salariés du secteur privé. Ainsi, l’interdiction du licenciement manifestement abusif est également introduite dans le droit de la fonction publique.
Cet accord est entré en vigueur le 1er octobre 2023. Pour l’instant, il faudra attendre un peu que le Gouvernement flamand détermine les autres règles de résiliation.
Bron : Crivits et Persyn