Auteurs : Luk Cassimon, Eline de Schepper et Wylma Gashi (Monard Law)
Comme d’habitude, l’approche de la fin de l’année signifie également l’adoption d’une nouvelle législation fiscale.
Nous listons ci-dessous les nouvelles mesures fiscales les plus remarquables qui sont en préparation ! Pour l’heure, les initiatives sont encore en phase de conception (ou d’avant-projet), des ajustements sont donc encore possibles.
PROJET DE LOI-PROGRAMME Augmenter le droit d’enregistrement des droits au bail et à construire : le droit d’enregistrement des actes établissant un droit à bail ou à construire sera augmenté de 2% à 5% à partir du 1er janvier 2024 ; Taux de TVA pour la démolition et la reconstruction : un taux réduit de 6% s’appliquera à la démolition et à la reconstruction (i) d’un logement destiné à être occupé par le client personne physique et (ii) d’immeubles destinés à la location longue durée dans le cadre de Politique sociale. La démolition et la reconstruction par un promoteur de projets de logements non destinés à la location sociale longue durée ne seront donc plus éligibles au taux réduit de 6 % ; CFC : réforme du régime actuel vers une « approche entité ». Si cela est appliqué, les « revenus passifs » perçus par la SEC (tels que les intérêts, les redevances, les dividendes et les revenus des activités financières) seront imposables à la société belge contrôlante sous certaines conditions ; Paiements d’intérêts et de redevances aux paradis fiscaux : les intérêts, redevances et assimilés payés à des entités établies dans un paradis fiscal ne sont pas déductibles à moins qu’il puisse être démontré que ces paiements font partie de transactions réelles et authentiques et sont conformes aux conditions du marché (art. 54 WIB92). Cette mesure est désormais limitée aux transactions avec des parties avec lesquelles le contribuable belge est (in)directement dans une relation de dépendance mutuelle. Le contribuable peut également apporter la preuve du contraire. Le même ajustement s’applique également à l’inopposabilité des transferts d’actifs vers des entités établies dans des paradis fiscaux ; Taxe des Caïmans : ajustements de la taxe des Caïmans, tels que l’élargissement de la notion de « fondateur » et la soumission de certaines institutions privées d’investissement alternatif à la taxe des Caïmans ; Autres aménagements : enfin, le projet prévoit également d’autres aménagements, comme une augmentation de la taxe annuelle sur les établissements de crédit, l’élargissement du régime du flexi-job et l’introduction d’une exonération de précompte mobilier pour les travailleurs saisonniers de la culture de fruits et légumes.
Selon le projet de loi programme, les mesures précitées entreront en vigueur le 1er janvier 2024.
PROJET DE LOI PORTANT DIVERSES DISPOSITIONS FISCALES DU 19 OCTOBRE 2023 Directive Mobilité : la Directive (UE) 2019/2121 relative aux transformations, fusions et scissions transfrontalières a été récemment transposée en droit belge. La directive mobilité prévoit des formes spécifiques de réorganisation, telles que des fusions sœurs et une scission partielle disproportionnée. Le WIB92 sera modifié afin que la neutralité fiscale d’une fusion, d’une scission (ou d’une transaction équivalente) soit étendue à ces nouvelles formes de réorganisations. Paiements aux paradis fiscaux : afin de lutter contre l’évasion fiscale, l’article 307, §1/2, WIB92 prescrira que lors de la détermination du plafond inférieur de 100 000 EUR par période imposable, l’augmentation des dettes à court terme sera désormais également prise en compte en compte. Ce changement s’appliquerait à partir de l’année fiscale 2024. Réduction d’impôt pour les dons : pour les dons reçus d’un montant d’au moins 25 euros, les autorités compétentes doivent désormais utiliser une attestation (au lieu d’une déclaration). Aucun modèle obligatoire n’est imposé. La délivrance obligatoire de cette attestation est une condition supplémentaire pour bénéficier de la réduction d’impôt. Dans cette optique, il est prévu que les organismes recevant des dons fournissent également automatiquement le certificat à l’administration par voie électronique. Ces changements entreraient en vigueur le 1er janvier 2024. Délais de déclaration à l’impôt sur le revenu des personnes physiques, la date limite de la déclaration papier est le 30 juin. Les déclarations électroniques doivent être déposées au plus tard le 15 juillet. Les contribuables qui perçoivent des revenus de l’étranger et n’utilisent pas de base fixe peuvent soumettre leur déclaration de revenus par voie électronique jusqu’au 16 octobre inclus de l’année après laquelle l’année fiscale est nommée. Les contribuables imposés forfaitairement doivent déposer la déclaration au plus tard le 15 janvier de l’année qui suit celle à laquelle l’année fiscale se réfère. Par ailleurs, certains changements sont également prévus en ce qui concerne les déclarations suite à un décès. Délai d’enquête pour le précompte professionnel : en ce qui concerne le précompte professionnel, les délais d’enquête sont entièrement alignés sur les délais d’imposition, de sorte que désormais l’administration fiscale dispose également d’un délai d’enquête spécial si une enquête ou un contrôle révèle que le précompte mobilier dû n’a pas été déclaré, a été déclaré tardivement, incomplet ou incorrectement (rectification du 333/3 WIB92). Déclaration du prix de location : les personnes physiques qui louent un logement devront désormais ajouter à leur déclaration de revenus des personnes physiques une annexe spécifique contenant des informations précises sur le bien loué, le loyer, les avantages locatifs et l’identité du propriétaire. La compensation d’un droit au bail, d’un droit de superficie, d’un usufruit ou d’une servitude doit également être indiquée. Si tel n’est pas le cas, le prix de la location et les frais associés ne sont pas déductibles au titre des dépenses professionnelles. Autres aménagements : enfin, le projet de loi prévoit également divers autres aménagements, comme les taxes annuelles sur les opérations d’assurance et les comptes-titres, des modifications concernant l’impôt pour le remboursement des droits de succession (voir le flash séparé publié à ce sujet), le crédit d’impôt pour l’indemnité kilométrique vélo accordée en application de la convention collective de travail n°164, l’élargissement et l’indexation du budget mobilité, les aménagements spécifiques en matière de délais de déclaration. PROJET DE LOI PORTANT DIVERS DISPOSITIONS FISCALES DU 1er DÉCEMBRE 2023 Augmentation de l’indemnité vélo et du crédit d’impôt : pour les salariés et chefs d’entreprise qui déterminent forfaitairement leurs frais professionnels, l’exonération de l’indemnité vélo sera portée à 0,35 euro par kilomètre, avec une plafond maximum de 2.500 euros, après indexation. Un crédit d’impôt est également prévu pour les employeurs qui accordent des indemnités vélo pour des déplacements compris entre le 1er janvier 2024 et le 31 décembre 2026. Évaluation étalée des plus-values : pour les réinvestissements dans le cadre de l’évaluation étalée des plus-values immobilières forcées, un navire ou un avion, la durée minimale de réinvestissement à partir de l’année fiscale 2024 est fixée à cinq ans (art. 47, §4 WIB92), comme c’était déjà le cas pour les plus-values volontairement réalisées. Opérateurs de plateformes : au regard des obligations DAC 7 pour les opérateurs de plateformes, un nouvel article 315quinquies WIB92 serait introduit. Sur cette base, l’administration peut demander à l’opérateur de la plateforme de lui fournir toute information ou document lui permettant de vérifier le contenu des informations communiquées. La communication des informations se fera par voie électronique. Ces modifications entreront en vigueur dix jours après la publication de la loi au Moniteur belge. Report des nouvelles procédures TVA : l’entrée en vigueur des nouvelles procédures TVA (prévues par la loi du 12 mars 2023) sera reportée du 1er janvier 2024 au 1er janvier 2025. Autres aménagements : enfin, le projet de loi prévoit également quelques autres aménagements, comme l’augmentation temporaire du montant maximum des moyens de subsistance nets pour tous les enfants à charge et des précisions sur les intérêts de retard concernant le refuge fiscal pour les œuvres audiovisuelles. LE NOUVEAU PLAN FRAUDE
Par ailleurs, le ministre des Finances travaille actuellement sur un nouveau plan d’action contre la fraude fiscale et sociale. Ce plan contient plusieurs mesures fiscales, dont un ajustement (élargissement) de la disposition générale anti-abus et une extension de l’obligation de conservation des livres et documents aux sociétés étrangères. Ces nouvelles mesures pourraient avoir des conséquences considérables pour les contribuables.
Ce plan d’action est encore en phase de conception, des ajustements sont donc encore possibles.
Bron : Loi Monard