TABLE DES MATIÈRESIntroductionImportance de l’intention de créer une relation juridiqueTests pour déterminer l’intention de créer une relation juridiqueInstances où l’intention joue un rôle crucialConclusion
Introduction
Les contrats constituent l’épine dorsale des transactions commerciales et des relations juridiques. Ils définissent les droits, les obligations et les attentes des parties concluant des accords. Cependant, tous les accords ne constituent pas des contrats, car plusieurs éléments essentiels doivent être respectés pour qu’un accord soit juridiquement contraignant.
L’un de ces éléments essentiels est l’intention de créer une relation juridique entre les parties impliquées. Cet article explore l’importance profonde de l’intention dans la formation des contrats, en examinant son rôle dans divers contextes et la manière dont elle façonne le caractère exécutoire des accords.
Importance de l’intention de créer une relation juridique
La présence d’une intention de créer une relation juridique est fondamentale pour la formation d’un contrat. Sans cette intention, les accords restent de simples promesses et manquent de force exécutoire.
Ce concept fait partie intégrante du droit des contrats car il souligne la gravité et les conséquences juridiques de la conclusion d’un contrat. Un précédent juridique important qui illustre cette importance est le cas de Balfour contre Balfour (1919).
Dans Balfour contre Balfour, le tribunal a souligné que tous les accords entre les parties ne donnent pas lieu à des contrats parce que leur signification peut ne pas être conforme aux normes juridiques. Cette observation est particulièrement pertinente dans les cas impliquant des accords personnels ou domestiques, comme ceux entre époux ou membres de la famille. Dans de tels scénarios, l’absence d’intention de supporter des conséquences juridiques empêche souvent la formation d’un contrat contraignant.
Tests pour déterminer l’intention de créer une relation juridique
Pour vérifier l’existence d’une intention de créer une relation juridique, les tribunaux recourent à des critères spécifiques :
Test objectif
Le test objectif se concentre sur la manière dont une personne raisonnable, dans la situation des parties concernées, interpréterait les circonstances et les intentions des parties. Il vise à évaluer si une personne raisonnable croirait que les parties avaient l’intention de créer un contrat juridiquement contraignant. Ce test est crucial car il garantit que le point de vue d’une personne raisonnable prévaut sur l’intention subjective des parties.
Présomption réfutable
Dans certains cas, comme les accords familiaux ou sociaux, le tribunal peut présumer l’intention de créer une relation juridique. Toutefois, cette présomption n’est pas absolue et peut être réfutée en apportant la preuve de faits et de circonstances indiquant une intention contraire. Cette approche reconnaît la complexité des relations personnelles et permet une certaine flexibilité dans l’évaluation de l’intention contractuelle.
Simpkins c.Pays (1955)
L’affaire de Simpkins c.Pays illustre l’application du test d’objectivité. Dans ce cas, une mère, sa fille et un invité payant ont participé à des mots croisés, le nom de la mère étant utilisé pour l’entrée.
Les dépenses étaient partagées entre eux sans aucune obligation formelle. Lorsqu’ils gagnaient un prix, un différend éclatait quant au partage des gains. Le tribunal a déterminé qu’une personne raisonnable, dans de telles circonstances, aurait cru qu’il y avait une intention de partager le prix. Par conséquent, le tribunal a confirmé l’existence d’un accord contraignant fondé sur cette interprétation objective.
Carlill c.Carbolic Smoke Ball Company (1893)
Le fameux cas de Carlill c.Carbolic Smoke Ball Company souligne en outre le test de l’objectivité. Dans cette affaire, la société défenderesse avait annoncé qu’elle paierait 100 £ à toute personne contractant la grippe après avoir utilisé son produit comme indiqué. Mme Carlill a utilisé le produit conformément aux instructions, mais elle est quand même tombée malade.
Lorsqu’elle a demandé la récompense, l’entreprise a refusé de payer. Le tribunal a statué que le critère objectif s’appliquait et qu’une personne raisonnable lisant la publicité aurait cru qu’il y avait une intention de conclure un contrat. Mme Carlill avait droit à la récompense car elle avait rempli les conditions spécifiées dans l’offre.
Cas où l’intention joue un rôle crucial
Accords familiaux ou sociaux
1. Accord entre mari et femme
Les accords entre époux illustrent souvent le défi que représente la détermination de l’intention de créer une relation juridique. Dans des cas comme Balfour contre Balfourles accords mari-femme sont généralement considérés comme non contractuels.
L’absence de conditions formelles et juridiquement contraignantes indique souvent un manque d’intention de créer un contrat juridiquement exécutoire. Il existe cependant des exceptions à cette règle générale.
Dans McGregor c.McGregor (1888), un mari et une femme ont retiré leurs plaintes en vertu d’un accord dans lequel le mari s’engageait à lui verser une allocation et elle s’abstenait de mettre en gage son crédit. Dans cette affaire, le tribunal a jugé l’accord contraignant parce qu’il démontrait l’intention des parties de créer une relation juridique.
2. Accord entre parent et enfant
Les accords entre parents et leurs enfants entrent généralement dans la catégorie des contrats familiaux et sociaux. Ces accords sont souvent présumés ne pas constituer de contrats contraignants en raison de leur nature familiale et de leur confiance et de leur bonne foi. Des exceptions existent toutefois lorsque les faits et circonstances indiquent une intention contraire.
Dans Jones c. Padavatton (1969), une mère a promis à sa fille un soutien financier si elle poursuivait des études juridiques en Angleterre et retournait à Trinidad en tant qu’avocate. Lorsque des conflits survenaient, le tribunal a considéré qu’il s’agissait d’un arrangement familial fondé sur la bonne foi, sans intention de créer une relation contractuelle. L’absence de contrat contraignant a été attribuée au manque de conditions contractuelles claires et à la nature familiale de l’accord.
En revanche, Parker c.Clark (1969) ont démontré que, dans des cas précis, l’intention de créer une relation juridique peut l’emporter sur le contexte familial. Dans cette affaire, un couple âgé a invité sa nièce et son mari à vivre avec eux.
Le couple a exprimé son intention de léguer sa maison à la nièce et a vendu sa maison pour soutenir cette intention. Lorsque des litiges survenaient, le tribunal a confirmé que les actions des parties indiquaient une intention claire de créer une relation juridique, aboutissant à un accord contraignant.
Accords commerciaux
Contrairement aux accords familiaux et sociaux, les accords commerciaux présupposent généralement l’intention de créer une relation juridique. Le contexte commercial implique généralement que les parties entendent que leurs accords soient juridiquement contraignants. Toutefois, cette présomption n’est pas absolue et peut être réfutée dans certaines circonstances.
Esso Petroleum c.Commissaires des douanes et accises (1976)
Esso Petroleum c. Commissaires des douanes et accises illustre la présomption d’intention dans les accords commerciaux. Dans ce cas, Esso Petroleum a lancé une campagne promotionnelle offrant une pièce gratuite provenant d’une collection de coupe du monde à l’achat de quatre gallons d’essence.
La question qui se posait était de savoir s’il y avait suffisamment de pièces produites pour la revente et si cela entraînerait une obligation fiscale. Le tribunal a jugé que les pièces avaient été proposées dans un contexte commercial, indiquant une intention de créer une relation contractuelle. Cependant, il a été noté qu’aucune contrepartie n’était impliquée dans cet accord particulier.
Exception : lettre de confort
Malgré la présomption d’intention dans les accords commerciaux, il existe une exception connue sous le nom de « lettre de confort ». Cette exception est illustrée dans le cas de Kleinwort Benson Ltd. c. Malaysia Mining Corporation (1989).
Dans Kleinwort Benson Ltd. c. Malaysia Mining Corporationune filiale de Malaysia Mining Corporation, a demandé un prêt à Kleinwort Benson Ltd. La société mère, Malaysia Mining Corporation, a refusé de se porter garante mais a fourni une lettre de confort indiquant qu’elle garantirait la sécurité financière de ses filiales.
Lorsque la filiale a été confrontée à des difficultés financières et que la banque a cherché à récupérer le prêt sur la base de la lettre de confort, le tribunal a jugé que la lettre n’avait aucun effet juridique. Le tribunal a souligné que la Malaysia Mining Corporation n’avait pas l’intention d’être légalement liée par la lettre de confort, illustrant ainsi que la présomption d’intention peut être réfutée par des preuves claires du contraire.
Conclusion
En conclusion, l’intention de créer une relation juridique est un aspect fondamental de la formation d’un contrat. Il garantit que les parties comprennent la gravité de leurs engagements et les conséquences juridiques de la conclusion d’accords.
Bien que l’absence d’un contrat écrit formel puisse suggérer une absence d’intention dans certains cas, le test objectif d’interprétation permet aux tribunaux d’évaluer l’intention en fonction des circonstances et des actions des parties impliquées.
La distinction entre les accords familiaux et sociaux et les accords commerciaux réside dans la présomption d’intention. Dans les contextes familiaux et sociaux, les accords sont souvent fondés sur la confiance et la bonne foi, ce qui rend moins évidente l’intention de créer une relation juridique. Toutefois, des exceptions existent lorsque les actions et les intentions des parties indiquent le contraire.
Dans les accords commerciaux, la présomption est généralement en faveur d’une intention de créer des relations juridiques, mais celle-ci peut être réfutée par des preuves contraires, comme des lettres de confort.
Dans l’ensemble, le rôle de l’intention dans le droit des contrats souligne la nature dynamique des accords et la nécessité d’équilibrer la présomption d’intention avec les circonstances uniques de chaque cas.