Les étudiants et diplômés en droit du Pakistan rapportent pour JURIST les événements survenus dans ce pays et ayant un impact sur son système juridique. Izhar Ahmed Khan est correspondant du personnel JURISTE basé à Lahore et titulaire d’un LL.B. 2022. diplômé du Pakistan College of Law (Programme international de l’Université de Londres). Dans cette dépêche, il revient sur un parcours personnel qu’il a récemment entrepris au service de la formation juridique, de l’accès à la justice et de l’État de droit.
J’ai toujours été fasciné par un proverbe chinois : « Donnez un poisson à un homme et vous le nourrirez pendant un jour. Apprenez à un homme à pêcher et vous le nourrirez toute sa vie. Pour moi, ce proverbe résume un principe universel de réussite et de croissance qui s’étend à presque tous les domaines de la vie, y compris les questions de droit et de justice. Dans ce dernier contexte, il enseigne que doter les individus de compétences capables d’apporter le droit et la justice à la société et à eux-mêmes peut être plus avantageux que de simplement conférer des droits à des bénéficiaires qui n’ont pas la capacité de les détenir ou de les assimiler.
Fin décembre, j’ai eu l’occasion de discuter avec un cercle d’études composé de jeunes aspirants étudiants en droit dans ma ville natale de Pishin, au Baloutchistan, dans le sud-ouest du Pakistan. Pishin est à environ 16 heures de bus de Lahore, sur des routes quelque peu défoncées. Le cercle d’étude a été organisé par Muhammad Yousaf, un enseignant d’une école locale, et Muhammad Nabi, un bénévole dévoué qui travaille pour la promotion des études et des bibliothèques dans la région. Le sujet de discussion m’a été laissé et j’ai choisi de parler de « Planifier une carrière en droit : attentes et réalités ». Mon espoir était d’élever les jeunes esprits et de les aider à prendre les bonnes décisions dans leur carrière afin de contribuer à apporter le droit et la justice à notre société.
La séance a duré une heure et demie. Pas une seconde je n’ai eu l’impression que le public se désintéressait ou se fatiguait. Leur empressement et leur attention m’ont donné la confiance et la force nécessaires pour parler avec plus de passion au fur et à mesure que nous avancions. Dans mon introduction, j’ai essayé de mentionner tous mes rôles, y compris ma pratique juridique, mon enseignement dans une faculté de droit et mon association avec JURIST en tant que correspondant du personnel travaillant au Pakistan. Il ne s’agissait pas de me vanter mais de faire découvrir à ceux qui m’écoutaient, dès le début, les différentes voies que l’on pouvait emprunter en devenant avocat.
Nous avons ensuite discuté du potentiel du droit en tant que carrière. Nous avons ensuite examiné les différents programmes de droit proposés au Pakistan et à l’étranger, leurs avantages et leurs inconvénients, et comment faire de meilleurs choix dans leur sélection. Cela a été suivi d’une discussion sur les différents cheminements de carrière qui pourraient être poursuivis après l’obtention du diplôme, en se concentrant particulièrement sur la pratique juridique, le système judiciaire, le monde universitaire du droit et la fonction publique. Enfin, j’ai proposé quelques conseils qui pourraient aider ces jeunes à devenir de meilleurs professionnels du droit, en mettant l’accent sur des compétences telles que la lecture, l’écriture, l’écoute et la parole, ainsi qu’en s’appuyant sur des manuels crédibles et à jour, en prenant des notes d’étude à partir d’eux, et éviter de se fier aux notes des autres. Vers la fin de la session, il y a eu une séance de questions et réponses au cours de laquelle de très bonnes questions ont été posées et répondues.
À un certain niveau, il s’agissait d’une séance de planification de carrière, mais plus fondamentalement, pour moi, c’était un exercice visant à ramener le droit et la justice à la maison. Il s’agissait d’un effort visant à compenser notre société pour l’anarchie, le terrorisme, l’analphabétisme et la pauvreté à laquelle elle est confrontée depuis des décennies. Il s’agissait d’un effort visant à combler le vide laissé par nos bien-aimés avocats qui ont tragiquement perdu la vie dans un attaque terroriste sur la communauté juridique de Quetta en 2016, ce qui a entraîné la perte de plus de 70 avocats du Baloutchistan. Il s’agissait d’un effort dans lequel de jeunes esprits ont clarifié leurs doutes sur leur carrière et réfléchi à leur futur rôle dans le respect de l’État de droit dans la société. C’est un effort qui, je l’espère, contribuera à doter notre société de brillants esprits juridiques.
Enfin et surtout, c’était une obéissance aux conseils que nous a donnés notre poète et philosophe national Allama Muhammad Iqbal, un éminent avocat à part entière, lorsqu’il a dit à la jeunesse :
« Apprenez à nouveau la leçon de la vérité, de la justice et de la bravoure ! Vous devez vous voir confier la direction du monde. »
Les opinions exprimées dans JURIST Dispatches sont uniquement celles de nos correspondants sur le terrain et ne reflètent pas nécessairement les opinions des rédacteurs de JURIST, du personnel, des donateurs ou de l’Université de Pittsburgh.