Human Rights Watch (HRW) a critiqué lundi le gouvernement du Sri Lanka pour son projet de loi visant à lutter contre les abus commis en temps de guerre. Le projet de loi sur la Commission pour la vérité, l’unité et la réconciliation au Sri Lanka, présenté le 1er janvier 2024, a été accusé de reproduire des efforts antérieurs infructueux et de ne pas respecter les obligations juridiques internationales.
HRW affirme que la loi proposée, plutôt que d’assurer la vérité, la justice et la réparation, semble détourner la pression internationale concernant la responsabilité des auteurs d’atrocités criminelles. Le projet de loi exclut les abus généralisés commis lors du soulèvement de Janatha Vimukthi Peramuna (JVP) de 1988 à 1990, suscitant des inquiétudes quant à son efficacité.
Le mandat prévu de la nouvelle commission consiste à produire un « dossier véridique » des violations commises pendant la guerre civile et à formuler des recommandations sur les réparations. Cependant, HRW affirme que les autorités responsables de l’enquête plus approfondie et des mesures nécessaires sont déjà mandatées pour traiter de tels cas, mais ne le font généralement pas.
Selon HRW, le Sri Lanka a l’habitude de créer des commissions similaires, avec au moins 10 créations depuis les années 1990. De nombreuses victimes expriment une « fatigue de la commission », ayant témoigné sans voir de résultats tangibles, tandis que les gouvernements successifs ont été accusés de bloquer les enquêtes et de retarder les procès. En 2023, de nombreuses organisations ont rejeté l’approche du gouvernement, plaidant pour une action basée sur les travaux des commissions précédentes. Certains considèrent la commission proposée comme une tentative de persuader le Conseil des droits de l’homme de l’ONU (HCDH) de mettre fin à son examen minutieux du Sri Lanka.
HRW affirme également que la législation ressemble à la Commission des leçons apprises et de réconciliation de 2010-2011, qui n’a pas réussi à atteindre ses objectifs. Par la suite, le HCDH a adopté des résolutions de 2015 à 2020, envisageant un mécanisme judiciaire « hybride ». Cependant, en 2021, le nouveau gouvernement a rejeté ce processus, ce qui a conduit à la mise en place d’un projet international de collecte de preuves. HRW exhorte les gouvernements concernés à refuser de financer et de soutenir la commission, soulignant la nécessité de renouveler et de renforcer les mandats du HCDH pour répondre aux crimes passés et aux abus en cours.