La Cour constitutionnelle d’Albanie a approuvé mardi un accord sur la migration avec l’Italie visant à établir des centres de traitement des migrants sous juridiction italienne en Albanie et à permettre à l’Italie d’envoyer vers l’Albanie des migrants secourus par des navires italiens en mer. Les centres pourraient accueillir conjointement jusqu’à 3 000 migrants détenus à tout moment.
Selon Human Rights Watch, plus de 85 000 personnes en 2022 ont atteint l’Italie par la mer fin octobre de la même année. Le rapport indique que « l’incapacité persistante à garantir des installations adéquates et des transferts rapides » a conduit à la saturation périodique du centre d’accueil de Lampedusa, en Italie, en 2022.
Des groupes de défense des droits de l’homme tels que l’International Rescue Committee (IRC) et Amnesty International (AI) ont critiqué l’accord. IRC a qualifié l’accord de « coûteux, cruel et contre-productif » et AI a déclaré qu’il était « illégal et irréalisable ». [and that] il doit être mis au rebut.
Susanna Zanfrini, directrice nationale de l’IRC Italie, a critiqué l’échec du gouvernement italien à créer « une approche humaine, durable et efficace en matière d’asile et de migration ». Elle a déclaré que de telles actions dissuadent les individus de demander l’asile en Italie et ne créent pas de solutions efficaces.
Amnesty International a appelé les législateurs italiens à rejeter l’accord le 22 janvier. Matteo de Bellis, chercheur à Amnesty International sur les migrations et l’asile, a déclaré :
Plutôt que de ratifier cet accord néfaste, les Italiens [members of Parliament] devraient plutôt soutenir des mesures visant à garantir un accueil adéquat en Italie, l’accès à une procédure d’asile efficace [] et des voies d’accès sûres et régulières.
Amnesty International exprime également ses inquiétudes quant à la protection des enfants et des femmes enceintes, car l’accord ne précise pas explicitement la manière dont la vulnérabilité d’un individu sera évaluée.
La pratique du refoulement est interdite par le droit international des réfugiés et le droit européen. Cette pratique consiste à envoyer une personne dans un pays où elle risque de subir des violations de ses droits humains. Les principes de non-refoulement sont inscrits à l’article 78(1) de la Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne et les articles 18 et 19 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. La Cour européenne des droits de l’homme avait déjà critiqué l’Italie pour sa violation du principe Hirsi Jamaa et autres c. États-Unis. Italie en 2012.