Le 1er avril 2024, la Cour suprême de Floride a donné son feu vert à une initiative de vote visant à légaliser la marijuana à usage adulte. L’opinion du tribunal, rédigée par le juge Grosshans, à 5 voix contre 2, met fin à des années de débats judiciaires qui ont fait dérailler les précédentes propositions de légalisation. Enfin, les électeurs de Floride auront leur mot à dire sur la question de savoir si la marijuana à des fins récréatives devrait être légale dans le Sunshine State.
Comme l’a expliqué le juge Grosshans, le rôle du tribunal se limitait à évaluer « si l’amendement est conforme à l’exigence constitutionnelle d’un seul sujet, si le résumé du scrutin répond à la norme légale de clarté et si l’amendement est apparemment invalide en vertu de la constitution fédérale ». En ce qui concerne le premier facteur, le tribunal a estimé que les composantes de l’initiative « ont un lien naturel et logique », répondant ainsi à l’exigence d’un seul sujet.
Le tribunal s’est ensuite tourné vers le résumé de l’initiative de vote, qui doit utiliser « un langage clair et sans ambiguïté ». Selon le résumé, l’amendement proposé « autorise les centres de traitement de la marijuana médicale et d’autres entités agréées par l’État » (c’est nous qui soulignons) de vendre de la marijuana. Les opposants à l’initiative ont fait valoir que ce langage est trompeur, car il suggère que « d’autres entités agréées par l’État » seraient immédiatement autorisées à vendre de la marijuana, alors qu’en fait elles devraient d’abord obtenir une licence. Le tribunal a rejeté cet argument, notant que « la lecture la plus naturelle du mot ‘autoriser’ suggère que d’autres entités seront autorisées à entrer sur le marché, sous réserve d’un processus d’autorisation de l’État » (c’est nous qui soulignons).
Finalement, le tribunal s’est penché sur un amendement récent qui l’obligeait à examiner « si l’amendement proposé est apparemment invalide au regard de la Constitution des États-Unis ». Selon la Cour, « pour qu’une contestation faciale réussisse, nous devons conclure qu’une loi serait inconstitutionnelle dans toutes ses applications » (souligné dans l’original). Refusant de formuler une « conclusion aussi large », le tribunal a noté qu’« une analyse détaillée du conflit potentiel entre les articles de cet amendement et la loi fédérale est une tâche très éloignée de l’objectif principal de cette procédure consultative en vertu de la Constitution de Floride ».
Les déclarations du tribunal dans la présente affaire (et dans d’autres récentes) ont sans aucun doute contribué à enrichir la jurisprudence de l’État en matière d’initiatives électorales – même si l’on peut se demander si de futures initiatives sur des sujets beaucoup moins controversés que le cannabis troubleront autant les juges. Pour l’instant, cependant, les questions de droit constitutionnel peuvent passer au second plan, alors que la Floride se prépare pour le jour des élections. Même si faire inscrire l’initiative sur le bulletin de vote n’a pas été une mince tâche pour les partisans, comme le démontre l’histoire judiciaire, un défi électoral les attend désormais. Pour que l’amendement soit adopté, il doit obtenir 60 % des voix, les sondages suggérant qu’il sera voté. Pourtant, quoi qu’il arrive, et malgré tous les efforts des opposants au cannabis, la démocratie a gagné cette bataille.