Auteurs : Inge van den Dorpel et Reiner Tijs (Forum Advocaten)
Vous êtes exproprié et souhaitez réaliser vous-même l’objectif du gouvernement expropriant. Une telle demande motivée doit-elle être adressée au gouvernement exproprié dans les délais précisés par le décret, ou pouvez-vous présenter votre demande motivée à tout moment ? La Cour constitutionnelle s’est prononcée à ce sujet le 21 mars 2024.
Contexte juridique
L’expropriation ne peut avoir lieu que de la manière déterminée par la loi. Cela découle du principe de légalité procédurale. Selon le gouvernement qui procède à l’expropriation, les dispositions légales se trouvent dans les (anciennes) lois fédérales ou dans le plus récent décret d’expropriation flamand (2017). Si vous êtes exproprié par un gouvernement flamand, le décret d’expropriation s’applique.
Selon le décret d’expropriation, une expropriation doit être nécessaire aux fins d’utilité publique (art. 3 du décret d’expropriation). Cela découle d’ailleurs implicitement de l’article 16 de la Constitution. Si vous, en tant que propriétaire ou bénéficiaire effectif, êtes prêt à réaliser vous-même l’objectif de l’expropriation (réalisation de soi), l’expropriation n’est plus nécessaire. Dans une telle situation, l’expropriation est alors in(constitutionnellement) légale. La nécessité de l’expropriation pour la réalisation de l’objectif de l’expropriation est donc une condition de légalité pour une expropriation, faute de quoi l’expropriation est in(constitutionnelle) légale.
Réalisation de soi
Dans le décret d’expropriation, le législateur a prévu la possibilité de réalisation de soi pour les propriétaires et les titulaires de droits commerciaux (articles 24 à 27 du décret d’expropriation). Cela signifie que vous, en tant que propriétaire/propriétaire effectif, pouvez réaliser vous-même l’objectif de l’expropriation, à l’exception de la construction d’infrastructures routières, ferroviaires, portuaires et fluviales et des interventions indissociables.
Si vous le souhaitez, vous devez respecter les règles. Nous passons ici brièvement en revue les règles applicables.
Déposer une demande de réalisation de soi lors de l’enquête publique
Si vous, en tant que propriétaire/ayant droit économique, souhaitez procéder à la réalisation personnelle, vous devez introduire une demande de réalisation personnelle auprès de l’État expropriant lors de l’enquête publique.
Dans cette demande, vous informez le gouvernement expropriant que vous souhaitez réaliser vous-même l’objectif d’expropriation. À ce stade, vous n’avez pas besoin de fournir de raisons supplémentaires pour cette demande.
Déposer une demande motivée de réalisation de soi
Dans la demande de réalisation de soi que vous présentez lors de l’enquête publique, vous n’êtes pas tenu de démontrer que vous remplissez toutes les conditions de réalisation de soi. Vous devez justifier du respect des conditions dans une « demande motivée d’auto-réalisation » qui doit être présentée dans un délai de 70 jours après la fin de l’enquête publique.
Les conditions que vous devez remplir sont :
Vous démontrez que vous êtes capable d’atteindre l’objectif de l’expropriation ; Vous démontrez que vous êtes prêt à réaliser l’objectif d’expropriation et que vous démontrez que vous êtes capable et disposé à maintenir l’objectif d’expropriation, si nécessaire, de la manière et selon les conditions incluses dans le protocole d’accord du projet.
La note de projet est un document établi par le gouvernement expropriant dans lequel est décrit le plan du projet, les travaux à réaliser, le cas échéant les délais d’exécution des travaux, les éventuelles conditions attachées à l’achèvement des travaux et , le cas échéant, sont applicables les modalités de gestion du domaine public.
L’autorité expropriante a le droit de rejeter votre demande avec motivation si vous ne remplissez pas les conditions susmentionnées.
Si le gouvernement expropriant accède à votre demande, il conclura avec vous un accord d’auto-réalisation. Il s’agit d’une forme d’accord que vous concluez avec le gouvernement qui garantit la mise en œuvre effective, la réalisation et, si nécessaire, le maintien du projet, avec les garanties associées.
Que se passe-t-il si vous ne soumettez pas votre demande motivée de réalisation de soi ou si vous la soumettez tardivement ?
Le décret d’expropriation stipule que la demande d’auto-réalisation doit être présentée au cours de l’enquête publique, suivie d’une demande d’auto-réalisation motivée pour laquelle un délai d’expiration est inscrit dans le décret d’expropriation de 70 jours, à compter du lendemain de la conclusion de l’enquête. l’enquête publique.
Un délai d’expiration signifie qu’après l’expiration de ce délai, l’acte juridique, ici la demande de réalisation de soi, ne peut en principe plus être émis ou du moins que le gouvernement peut l’ignorer.
Un délai d’expiration pour soumettre une demande de réalisation personnelle viole-t-il vos droits fondamentaux ? L’arrêt de la Cour constitutionnelle du 21 mars 2024.
Supposons que vous soyez en retard avec votre demande. En principe, l’expropriation n’est pas nécessaire maintenant que vous souhaitez procéder à la réalisation de soi. Par contre, vous avez dépassé le délai de 70 jours, et ce délai était un délai d’expiration. Cela signifie qu’il est légalement exclu que vous puissiez présenter une demande de réalisation personnelle après cette période et que vous puissiez donc être exproprié indépendamment de toute demande de réalisation personnelle.
Le juge de paix de Merelbeke a posé deux questions préliminaires à la Cour constitutionnelle concernant cet arrangement.
La première question que le juge de paix a soumise à la Cour était de savoir si un tel délai d’expiration viole le principe d’égalité et le droit de propriété, dans la mesure où l’expropriation ne peut avoir lieu que si aucune alternative n’est raisonnablement possible. Si vous êtes en retard dans votre demande, on ne peut pas prétendre qu’il n’y avait pas d’autre option que l’expropriation. Vous êtes arrivé trop tard avec votre demande.
La Cour a répondu que la préparation parlementaire montre que le droit de présenter une demande d’auto-réalisation entre dans le cadre de l’enquête sur la nécessité d’expropriation. Cette option sert à protéger le propriétaire/propriétaire de l’entreprise.
Le décret a imposé un délai car toutes les parties ont intérêt au déroulement rapide et transparent d’une expropriation. Tant le gouvernement que le propriétaire/propriétaire de l’entreprise doivent être informés le plus rapidement possible des souhaits et des options de chacun afin qu’ils puissent se rencontrer et en discuter.
Le délai d’expiration garantit que l’objectif d’expropriation peut être atteint dans le délai proposé. Après tout, le gouvernement expropriant a besoin de garanties suffisantes que le propriétaire/bénéficiaire effectif réalisera effectivement l’objectif de l’expropriation dans le délai fixé et de la manière indiquée dans le mémorandum du projet. La Cour a jugé qu’à cet égard, il n’est pas déraisonnable de limiter le délai de présentation d’une demande et d’une demande motivée de réalisation personnelle. La Cour n’est pas non plus d’avis que le délai d’expiration aurait des conséquences disproportionnées, puisque lors de l’enquête publique, il suffit de communiquer une simple intention de procéder à la réalisation de soi, et un délai supplémentaire de 70 jours s’applique pour une demande motivée. la fin de l’enquête publique.
La Cour a donc répondu négativement à la première question.
La deuxième question que le juge de paix a soumise à la Cour était de savoir s’il y avait une inégalité de traitement entre les propriétaires/détaillants qui ont soumis leur demande à temps et ceux qui ont présenté leur demande tardivement, puisqu’un propriétaire/partie résultante peut alors être autorisé à transférer. à la réalisation de soi, tandis que l’autre propriétaire/bénéficiaire effectif qui souhaitait également se réaliser sera exproprié.
Concernant la deuxième question, la Cour a répondu que la différence de traitement entre les personnes qui exercent leurs droits en temps utile et celles qui ne les exercent pas ne constitue pas une discrimination. Selon la Cour, il n’y a discrimination que si l’application du délai de prescription conduit à des restrictions disproportionnées aux droits des personnes concernées. La Cour avait déjà conclu que tel n’était pas le cas en répondant à la première question.
Conclusion
La Cour constitutionnelle ne considère pas le délai fixé pour présenter une demande motivée de réalisation de soi comme une violation du principe d’égalité ni du droit de propriété.
Vous feriez donc bien de respecter le délai d’expiration et de formuler correctement et (donc) en temps opportun votre demande de réalisation de soi.
Source : Forum des avocats