WASHINGTON — Alors que les dirigeants militaires occidentaux tirent la sonnette d’alarme depuis une décennie face aux efforts déployés par la Russie et la Chine pour développer des armes antisatellites (ASAT), le Fonds européen de défense (FED) poursuit ce qu’il décrit comme une capacité défensive qui pourrait néanmoins cibler les satellites adverses.
Le dernier cycle de financement d’EDF, basé sur les appels d’offres recueillis en 2023 et annoncés le 16 mai, comprend près de 6,5 millions d’euros (7 millions de dollars) pour développer un « satellite autonome SSA Bodyguard Onboard », surnommé Bodyguard, capable de traquer les oiseaux ennemis menaçants et, le une annonce de rechange suggère de les désactiver et/ou de les détruire.
Le projet est conçu « pour accroître l’indépendance et la supériorité de l’Europe dans l’espace », indique la fiche d’information de deux pages du FED. “À proximité immédiate, il peut détecter les points faibles du satellite menaçant et contrer avec un robot ou un laser.” Les représentants de l’UE n’ont pas répondu à la demande de Breaking Defense pour plus d’informations sur le programme au moment de la publication.
Des entreprises de huit pays de l’Union européenne sont impliquées dans le consortium primé : deux de Belgique ; un du Danemark ; trois de France ; deux de Finlande ; un de Grèce ; un de Lettonie ; un du Luxembourg ; et un de Suède. Le consortium est coordonné par Agenium Space, basé à Toulouse, et le projet devrait durer 36 mois.
La fiche d’information n’indique pas l’orbite prévue pour Bodyguard.
Il n’est pas surprenant de voir des entreprises françaises jouer un rôle de premier plan dans le nouveau projet EDF Bodyguard, étant donné que Paris a déjà un effort similaire en préparation – la ministre française de la Défense de l’époque, Florence Parley, ayant annoncé en 2019 un plan visant à développer des satellites porteurs de laser. qui pourrait riposter sur des oiseaux hostiles.
Un projet de démonstration, baptisé YODA, pour Yeux en Orbite pour un Démonstrateur Agile, impliquera deux nano-satellites pesant chacun 10 à 20 kilogrammes. Les nano-sats surveilleront les satellites russes et chinois en orbite terrestre géosynchrone (GEO). Initialement prévu pour 2023, le ministère français de la Défense envisage désormais 2025. Cependant, selon un article paru le 16 mai dans European Spaceflight, le général Philippe Adam, commandant de l’armée de l’air et de l’espace française, a déclaré aux journalistes le 14 mai qu’il craignait que le lancement à long terme ne soit prévu. le retard dans le développement de la fusée Ariane 6 retardera encore son lancement.
En outre, la loi de programmation militaire du gouvernement français couvrant la période 2024 à 2030 prévoit un successeur plus grand à YODA, appelé EGIDE (qui se traduit par égide), qui sera lancé vers 2030. Son laser embarqué est en cours de développement dans le cadre d’un projet appelé « FLAMHE » (flamme). Le document ne fournit cependant pas plus de détails sur l’un ou l’autre programme.
Les nations européennes en général, et l’Union européenne (UE) en tant qu’organisation, se sont traditionnellement engagées à prévenir une course aux armements dans l’espace et sont en outre de fervents défenseurs dans diverses enceintes des Nations Unies de la création de normes de comportement dans l’espace, à la fois pour éviter accidents orbitaux et réduire les risques de conflit. Cependant, la toute première stratégie commune de l’UE pour la défense des ressources spatiales, approuvée en novembre 2023, appelle les 27 pays membres à renforcer à la fois leur conscience des menaces spatiales et leurs capacités à y répondre si nécessaire.
Bodyguard fait suite à un précédent projet d’EDF visant à démontrer un satellite SSA « furtif » pour garder un œil sur les satellites adverses dans la ceinture GEO – qui abrite les satellites de télécommunications traditionnels et les oiseaux d’avertissement de missiles américains. Ce projet, appelé NAUCRATES, est décrit dans une fiche d’information sur l’inclusion du projet dans le cycle 2021 du FED en tant que « Microsatellite pour la surveillance et le renseignement des orbites géostationnaires ». [PDF] et a été financé à hauteur de 4 millions d’euros (4,35 millions de dollars), plus 1 million d’euros supplémentaires (1,09 millions de dollars) de fonds nationaux.
NAUCRATES « concevra et démontrera un microsatellite de moins de 100 [kilogram] masse, positionnée sur une orbite stable à l’extérieur de la ceinture GEO, en tant que capteur optique en orbite avec la capacité d’approcher d’autres objets en GEO pour prendre des images de résolution centimétrique. Le satellite NAUCRATES, d’une durée de vie prévue de 3 à 5 ans, présentera une conception furtive pour ne pas être visible par les radars au sol, les télescopes ou les SIGINT. [signals intelligence] et hébergera un télescope optique utilisant un infrarouge spécial pour la transmission des images afin de minimiser les possibilités d’écoute clandestine », indique la fiche d’information.
NAUCRATES est développé par un consortium de 11 sociétés d’Italie, des Pays-Bas, du Portugal et d’Espagne, dirigé par la société italienne On-Air Consulting & Solutions.
Selon une annonce du 9 avril faite par l’une des sociétés participantes, Celestia TTI, basée à Amsterdam, le projet a récemment passé avec succès l’examen critique de conception et sera livré d’ici la fin de 2025.
AAC Clyde Space, un autre membre du consortium basé en Suède, a indiqué dans un communiqué de presse du 26 janvier 2023 que le satellite devrait être lancé sur une fusée Ariane 6.
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