Une violente émeute dans une prison au Mozambique jeudi a entraîné la mort d’au moins 33 personnes et l’évasion d’au moins 1 500 détenus d’un établissement de haute sécurité de la capitale, Maputo. L’incident s’est produit dans un contexte de troubles civils généralisés suite à la confirmation controversée de la victoire du parti au pouvoir, le Frelimo, aux élections d’octobre.
Le chef de la police, Bernardino Rafael, a rapporté que le chaos a commencé lorsque les prisonniers, alimentés par des manifestations à l’extérieur de la prison, ont maîtrisé les gardes et saisi des armes, leur permettant ainsi de faciliter une évasion massive. Suite à l’annonce par le Conseil constitutionnel du Mozambique que le candidat du Frelimo, Daniel Chapo, avait gagné avec 65 pour cent des voix, des manifestations ont éclaté dans tout le pays, conduisant à de violents affrontements entre manifestants et forces de sécurité. Ces affrontements ont entraîné d’importantes destructions de biens publics et accru les craintes en matière de sécurité publique.
Lors des émeutes, les détenus auraient profité d’une présence sécuritaire plus légère pendant les vacances de Noël pour s’évader. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont capturé des scènes de chaos alors que les prisonniers fuyaient l’établissement, certains tentant de se cacher dans des maisons voisines. Depuis, les autorités ont repris environ 150 de ceux qui s’étaient échappés. Le chef de la police s’est dit particulièrement préoccupé par la libération de 29 terroristes reconnus coupables parmi les évadés, sonnant l’alarme quant aux menaces potentielles pour la sécurité nationale.
L’ONU a exhorté à mettre fin aux violences post-électorales au Mozambique, soulignant la nécessité de stabilité et de dialogue pour résoudre les problèmes sous-jacents qui ont conduit aux troubles civils. L’appel à la retenue de l’ONU intervient dans un contexte d’augmentation du nombre de décès associés aux manifestations et aux affrontements depuis les élections, des rapports indiquant qu’au moins 151 personnes sont mortes depuis le 21 octobre en raison des violences liées aux conflits électoraux.
Le contexte de cette situation révèle une lutte de longue date entre le parti au pouvoir au Mozambique et les factions de l’opposition. Depuis son indépendance du Portugal en 1975, le Frelimo a maintenu une position dominante dans la politique mozambicaine, faisant souvent face à des accusations de manipulation électorale et de répression de la dissidence. Les récentes élections ont exacerbé les tensions, de nombreux citoyens exprimant leur frustration face aux problèmes de gouvernance, à la corruption et aux défis économiques.
Alors que le Mozambique est aux prises avec cette crise, la communauté internationale suit de près l’évolution de la situation. La combinaison d’une évasion massive de prison et de troubles civils en cours pose des défis importants au gouvernement alors qu’il cherche à rétablir l’ordre et à répondre aux griefs de la population.