À une époque où l’acquisition de certificats est devenue aussi courante que la navigation sur les réseaux sociaux, une question pertinente se pose pour les professionnels du droit : une certification en IA est-elle essentielle pour les avocats ?
Le débat entre l’éducation et l’application pratique dans la profession juridique n’est pas nouveau. Cependant, les progrès rapides de la technologie, notamment dans les domaines de l’IA, de la cybersécurité et de la confidentialité, remettent en question cette discussion.
Les arguments en faveur de la certification IA
Les partisans de la certification en IA soutiennent que la profession juridique ne peut rester à l’abri des avancées technologiques. L’IA faisant de plus en plus partie de la vie quotidienne, ses implications en matière de vie privée, de sécurité, de propriété intellectuelle et même de droit pénal sont profondes.
Une certification en IA pour les avocats pourrait témoigner de leur compréhension de ces intersections complexes entre la technologie et le droit. Cela pourrait aider les professionnels du droit à conseiller leurs clients plus efficacement, à relever les défis juridiques liés à l’IA et même à tirer parti des outils d’IA pour l’analyse des litiges et des contrats.
De plus, des certifications spécialisées peuvent distinguer un avocat sur un marché concurrentiel. Ils signalent aux employeurs ou clients potentiels que l’avocat possède des connaissances à jour et une approche proactive en matière d’apprentissage et d’adaptation. Dans des secteurs comme les startups technologiques, la fintech et la cybersécurité, où l’IA joue un rôle essentiel, disposer de conseillers juridiques qui comprennent la technologie pourrait s’avérer inestimable.
La critique : est-ce que plus d’apprentissage signifie moins d’action ?
Les critiques soutiennent cependant que l’obsession des certifications pourrait conduire à un paradoxe où plus d’apprentissage équivaut à moins d’action. À partir des idées partagées dans le discours sur les inconvénients d’une certification excessive, on craint de plus en plus que la recherche de qualifications sans fin ne devienne une boucle. Cette boucle enferme les professionnels dans un état perpétuel de préparation, retardant leur engagement direct dans les défis et opportunités du monde réel qui définissent leur carrière.
La critique ne s’adresse pas à l’apprentissage en soi mais à une approche linéaire et traditionnelle de l’éducation qui donne la priorité aux diplômes plutôt qu’à l’expérience et à l’application pratiques. L’argument est que dans le domaine en évolution rapide de l’IA, l’expérience pratique, l’adaptabilité et la capacité d’appliquer les connaissances théoriques dans des scénarios pratiques sont bien plus précieuses qu’un certificat. Après tout, l’IA elle-même est une question d’innovation, d’expérimentation et d’apprentissage par la pratique.
Il y a aussi un aspect financier et temporel à considérer. Les certifications peuvent être coûteuses et prendre du temps, détournant potentiellement des ressources d’investissements plus productifs comme la constitution d’un portefeuille, le réseautage ou même le lancement d’une initiative juridique axée sur la technologie.
Combler le fossé : apprentissage stratégique et application
Peut-être que la solution ne se situe pas dans les extrêmes mais dans une approche équilibrée. Les avocats n’ont pas nécessairement besoin d’une certification en IA pour exceller dans leur profession, mais ils ont besoin d’une compréhension fondamentale de la façon dont la technologie affecte le droit. L’apprentissage stratégique – dans lequel l’éducation est étroitement alignée sur les objectifs de carrière et est immédiatement appliqué dans la pratique – pourrait être la voie à suivre.
Cette approche implique d’être sélectif quant aux opportunités d’apprentissage, en se concentrant sur celles qui offrent des compétences et des connaissances pratiques directement applicables au travail. Cela signifie également appliquer dès que possible ce que vous avez appris dans des contextes réels, que ce soit par le biais de projets pro bono, de solutions juridiques basées sur la technologie ou d’offres de services innovantes. Une telle approche garantit que l’apprentissage mène à des résultats tangibles, permettant ainsi aux professionnels de rester pertinents et en avance sur la courbe.
Alors, la voie du milieu, peut-être ?
Dans le débat sur la nécessité ou non pour les avocats d’une certification en IA, la réponse pourrait bien être personnelle et contextuelle. Le classique « ça dépend » pourrait être la réponse. Par exemple, cela peut dépendre du cheminement de carrière de l’individu, de son domaine de spécialisation et de la manière dont il compte appliquer ses connaissances en IA dans sa pratique juridique. Même si les certifications peuvent jouer un rôle dans le développement professionnel, elles ne constituent pas la solution ultime.
Alors que la communauté juridique navigue dans les complexités d’un monde axé sur la technologie, l’accent doit être mis sur l’apprentissage stratégique continu et l’application pratique des connaissances. Ce faisant, les professionnels du droit peuvent s’assurer qu’ils restent efficaces, pertinents et prêts à relever les défis et les opportunités que présente l’IA dans le domaine juridique.
Olga V. Mack est membre de CodeX, du Stanford Center for Legal Informatics et éditrice d’IA générative à law.MIT. Olga adhère à l’innovation juridique et a consacré sa carrière à améliorer et à façonner l’avenir du droit. Elle est convaincue que la profession juridique en ressortira encore plus forte, plus résiliente et plus inclusive qu’auparavant en adoptant la technologie. Olga est également une avocate générale primée, une professionnelle des opérations, une conseillère en démarrage, une conférencière, une professeure adjointe et une entrepreneure. Elle est l’auteur de Get on Board : Gagnez votre ticket pour un siège au conseil d’administration d’une entreprise, Fundamentals of Smart Contract Security et Blockchain Value : Transforming Business Models, Society, and Communities. Elle travaille sur trois livres : Visual IQ for Lawyers (ABA 2024), The Rise of Product Lawyers : An Analytical Framework to Systemaically Advise Your Clients Along the Product Lifecycle (Globe Law and Business 2024) et Legal Operations in the Age of AI. et données (Globe Law and Business 2024). Vous pouvez suivre Olga sur LinkedIn et Twitter @olgavmack.