Auteur: Baptistin Alaime, Tisha Dujardin, Emily Polfliet en Maurice De Mey (Tuerlinckx Tax Lawyers)
6 QUESTIONS FRÉQUEMMENT POSÉES concernant les revenus obtenus via les plateformes numériques telles que Airbnb, Vinted, Uber, etc. résumées pour vous :
Qu’est-ce que la directive DAC 7 et pourquoi est-elle importante pour les contribuables ? Quelles plateformes entrent dans le champ d’application de DAC 7 ? Quelles informations seront partagées avec les autorités fiscales ? Comment cette directive affecte-t-elle les revenus que les contribuables obtiennent via les plateformes numériques ? Comment pouvez-vous vous assurer que vous respectez vos obligations fiscales au titre de la directive DAC 7 ? Quelles sont les conséquences si vous ne déclarez pas correctement vos revenus provenant des plateformes numériques ? 1. Qu’est-ce que la directive DAC 7 et pourquoi est-elle importante pour les contribuables ?
La directive DAC 7, dont la transposition en droit belge est en vigueur depuis le 1er janvier 2023, vise à réaliser un échange automatique d’informations sur les revenus générés via les plateformes numériques, dans le but de lutter contre la fraude fiscale. Le système DAC 7 oblige les plateformes concernées à transmettre automatiquement les données des transactions de leurs utilisateurs au fisc. Lors d’un contrôle, le fisc comparera les informations obtenues des plateformes avec les déclarations fiscales déposées par les contribuables belges.
2. Quelles plateformes entrent dans le champ d’application de DAC 7 ?
Les plateformes couvertes par la DAC 7 sont toutes les plateformes opérant dans l’Union européenne qui mettent en relation directement ou indirectement un vendeur et un utilisateur pour réaliser l’une des activités suivantes :
La location de biens immobiliers (par exemple AirBnB) ; Services personnels (par exemple Uber) ; La vente de biens (par exemple Vinted) ; La location d’un moyen de transport (ex. Yescapa). 3. Quelles informations seront partagées avec les autorités fiscales ?
Pour un vendeur personne physique, les données suivantes seront transmises à l’administration fiscale belge :
Nom et prénom ; Adresse principale ; Le numéro de TVA fourni au vendeur, le cas échéant ; Date de naissance du vendeur ; Le montant total des honoraires payés pour le compte du vendeur ; Tous frais, commissions ou taxes retenus ou perçus par l’opérateur de la plateforme ; L’identification du ou des comptes financiers sur lesquels les paiements seront effectués au profit du vendeur.
En ce qui concerne la location de biens immobiliers, les données suivantes seront également transmises :
L’adresse du bien loué par le vendeur ; Le nombre de jours de location. 4. Comment cette directive affecte-t-elle les revenus que les contribuables obtiennent via les plateformes numériques ?
Le système introduit par cette directive permettra à l’administration fiscale de constituer une base de données complète des transactions effectuées via les plateformes numériques. Comme mentionné précédemment, ces données seront comparées aux données déclarées par le contribuable.
Comme pour l’échange international de données financières, il est probable que des contrôles soient effectués automatiquement lorsqu’un contribuable a omis de déclarer certains revenus ou lorsque ceux-ci ne correspondent pas aux données reçues des plateformes.
5. Comment pouvez-vous vous assurer que vous respectez vos obligations fiscales en vertu de la directive DAC 7 ?
Pour tous les revenus obtenus grâce à une plateforme, il est essentiel de déterminer si ces revenus sont imposables. Il faut ensuite déterminer la qualification fiscale des revenus, ce qui n’est pas toujours évident.
Les revenus provenant de la vente de biens peuvent être exonérés d’impôt s’ils font partie de la gestion normale du patrimoine. En dehors de cette gestion normale, ils seront imposés au taux de 33 % au titre des revenus divers ou au taux progressif (qui atteignent rapidement environ 50 %) au titre des revenus professionnels, selon l’intensité et le degré d’organisation de l’activité.
Les revenus locatifs issus de la location de biens immobiliers via des plateformes telles qu’Airbnb sont imposables au taux progressif au même titre que les revenus immobiliers. Toutefois, pour les locations aux particuliers, ce n’est pas le loyer effectivement perçu qui est imposé, mais le revenu cadastral, qui est généralement bien inférieur. Toutefois, ces revenus locatifs seront imposés au titre de revenus professionnels si l’activité locative du contribuable est considérée comme une activité professionnelle au sens du droit fiscal.
En pratique, l’administration fiscale et la justice prennent en compte les éléments suivants pour déterminer si une activité est qualifiée de professionnelle :
Le nombre de transactions exécutées ; La nature des transactions ; La succession rapide des transactions ; L’interconnexion entre les transactions ; L’organisation dans laquelle les transactions sont effectuées ; Le rapport entre « l’activité principale » du contribuable et la location de biens immobiliers ; Et ainsi de suite.
Dans le cas d’une location via Airbnb, l’étendue des prestations complémentaires (telles que l’accueil physique sur place, la mise à disposition du petit-déjeuner, le changement du linge de lit, l’organisation d’excursions, etc.) pourra également être utilisée par le fisc pour requalifier la location. revenus comme revenus professionnels. Le service des décisions préliminaires (le service de l’administration fiscale qui émet les décisions) a statué à plusieurs reprises que la location de chambres n’est pas considérée comme une activité professionnelle si les prestations supplémentaires se limitent au changement des draps et au ménage toutes les deux semaines. Cependant, chaque cas est spécifique et une analyse des circonstances factuelles est nécessaire.
Si les revenus locatifs sont requalifiés en revenus professionnels, ce ne sont plus les revenus cadastraux qui sont imposés au taux progressif (environ 50%), mais les revenus locatifs effectivement perçus, ce qui constitue une différence importante.
Enfin, dans la mesure où les prestations complémentaires ne sont pas fournies dans le cadre d’une activité professionnelle, elles sont imposées au taux de 33% au titre des revenus divers. Il existe cependant un régime fiscal favorable qui prévoit un taux d’imposition de 10 % (via une déduction anticipée) pour les revenus issus de l’économie du partage. Cela s’applique aux revenus provenant de prestations fournies par un particulier à un autre particulier via une plateforme reconnue, à condition que ces revenus ne dépassent pas 7.460 euros (pour l’année de revenus 2024).
6. Quelles sont les conséquences si vous ne déclarez pas correctement vos revenus provenant des plateformes numériques ?
Si des revenus imposables ne sont pas déclarés ou sont incorrectement déclarés, l’administration fiscale reclassera et imposera ces revenus au taux applicable majoré d’une majoration d’impôt de 10 %. Cette majoration d’impôt s’élèvera à 50 % (et même 200 % en cas de faux) si le fisc démontre une fraude de la part du contribuable.
Le fisc peut contrôler et imposer ces revenus jusqu’à trois ans auparavant. En cas de fraude, ce délai est de sept ans (et 10 ans pour les revenus perçus à compter du 1er janvier 2022).
Dans le cas d’informations obtenues de l’étranger, l’administration fiscale dispose d’un délai d’imposition spécial cinq années d’imposition précédant l’année au cours de laquelle elle a obtenu les informations de l’étranger.
Enfin, l’administration fiscale dispose d’un délai de 6 ans si les informations obtenues via le système DAC 7 montrent que le contribuable a perçu des revenus via les plateformes numériques supérieurs à 25 000 euros.
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De plus en plus de personnes se tournent vers les plateformes numériques pour, par exemple, vendre des objets dont ils ne se servent plus, louer une chambre ou proposer leur résidence secondaire aux touristes. Ils ne réalisent souvent pas que ces revenus doivent souvent être déclarés et qu’ils peuvent être imposés. Ce que l’on sait encore moins, c’est que la directive européenne DAC 7 est en vigueur depuis le 1er janvier 2023. Selon les lignes directrices DAC 7, les plateformes telles que Vinted et AirBnB doivent partager les données des contribuables belges avec les autorités fiscales, qu’elles soient situées dans l’Union européenne ou à l’étranger. Cette nouvelle approche marque un changement majeur dans la manière dont les revenus de l’économie numérique sont surveillés et imposés. Les contribuables doivent donc veiller à déclarer correctement les revenus qu’ils génèrent via les plateformes numériques et appliquer la bonne classification fiscale à ce type de revenus.
Bron : Tuerlinckx Avocats Fiscaux