Le Pakistan a dévoilé son nouveau système de fusées guidées à lancement multiple (G-MLRS), Fatah-II, le 27 décembre. Le Fatah-II est le successeur du Fatah-I et constitue une nouvelle entrée dans le programme de frappes conventionnelles du Pakistan. Il se distingue de son prédécesseur par sa longue portée et sa précision accrue.
La fusée est destinée à diversifier les options de ciblage conventionnelles du Pakistan en lui permettant de mener des frappes de précision en profondeur sur le territoire indien contre diverses cibles avec différents types d’ogives conventionnelles. Le développement du Fatah-II s’est produit en réponse à la doctrine indienne de guerre limitée et vise à garantir la capacité du Pakistan à riposter avec une précision chirurgicale.
Fatah-II n’est pas un nouveau système mais un ajout au club G-MLRS existant dans le monde entier. Citons par exemple le système de fusées d’artillerie à haute mobilité M142 des États-Unis (HIMARS) et la série de fusées chinoises Weishi. Le Fatah-II semble être un G-MLRS à deux coups, d’après la vidéo publiée par les médias militaires pakistanais. Le fusée est « équipé d’une avionique de pointe, d’un système de navigation sophistiqué et d’une trajectoire de vol unique », selon le communiqué de presse officiel. Il peut engager efficacement les cibles de l’adversaire dans un 400km plage, avec une erreur circulaire probable (CEP) inférieure à dix mètres. Selon des sources d’information pakistanaises, la précision accrue résulte de l’utilisation d’une combinaison de systèmes de navigation inertielle et par satellite.
Quelques questions se posent ici. Pourquoi le Pakistan a-t-il introduit un système d’artillerie à longue portée alors qu’il possède déjà des missiles balistiques à courte portée (SRBM) avec des portées similaires ? Quels sont les avantages associés à la fusée Fatah-II ? La réponse réside dans les coûts inférieurs du Fatah-II, sa capacité à mener des missions de frappe en profondeur, son temps de réponse court du capteur au tireur et sa capacité de frappe de précision.
Fatah-II offre un meilleur rapport qualité-prix au Pakistan car ses coûts de production et d’exploitation sont faibles par rapport aux systèmes sensibles comme les SRBM. Les missiles balistiques ont des coûts de maintenance et d’exploitation élevés et nécessitent des sites de stockage et du personnel distincts pour leur maintenance, tandis que le Fatah-II peut facilement s’intégrer à la flotte MLRS. D’ailleurs, le capteur-tireur Le temps de réponse du Fatah-II est nettement plus court, ce qui en fait un choix préférable pour les commandants opérationnels.
De plus, la portée étendue de 400 km du Fatah-II lui permet d’éliminer les systèmes de défense aérienne stratégiques à longue portée de l’ennemi déployés à l’arrière. Par exemple, il peut même éliminer des cibles mobiles comme les systèmes de défense aérienne S-400, qui peuvent rapidement passer d’un emplacement de tir à un autre. De plus, son faible coût incite les militaires à l’utiliser contre les défenses aériennes ennemies en tirant un barrage de roquettes sur une seule batterie de S-400 pour submerger le système et, ce faisant, l’éliminer également. Cela fait du Fatah-II un système unique dans l’arsenal conventionnel du Pakistan pour effectuer à l’avenir des missions de suppression des défenses aériennes ennemies (SEAD).
Après avoir discuté de l’utilité opérationnelle du Fatah-II, il est nécessaire d’examiner les dimensions de dissuasion du nouveau système. Fatah-II est une réponse à la doctrine indienne de guerre limitée connue sous le nom de Doctrine du démarrage à froid (CSD). Depuis l’annonce de la doctrine en 2004, l’armée indienne s’est continuellement engagée dans des manœuvres opérationnelles visant à réduire son temps de mobilisation afin de lancer des attaques surprises coordonnées sur plusieurs fronts contre le Pakistan. De plus, son élément principal, les groupements tactiques intégrés (IBG), une force conçue pour lancer une incursion rapide sur le territoire pakistanais, a été testé et intégré au corps d’armée indien déployé le long de la frontière pakistanaise.
Par exemple, celle de Jeanne La défense a révélé en septembre 2022 que le concept des IBG avait déjà été testé avec le 9 corps d’Amy à la frontière occidentale avec le Pakistan, et que d’autres unités seraient déployées progressivement sous peu. Il s’agit d’une évolution significative dans l’opérationnalisation des IBG, qui constitue une menace importante pour le Pakistan dans le domaine conventionnel.
Cette évolution a également été reconnue par l’actuel chef général de l’armée indienne. Les mains en l’air lorsqu’il insista sur la conversion de l’ensemble de l’armée en groupements tactiques. En janvier dernier, il a explicitement indiqué qu’avec « la structuration et l’optimisation des forces, nous convertissons nos forces en IBG, qui contribueront efficacement à la guerre moderne ». La déclaration indique qu’une fois le processus de conversion terminé, il ouvrira la voie à la doctrine du démarrage à froid pour devenir chaude à tout moment.
De plus, l’armée indienne, la plus nombreuse parmi ses forces sœurs et le cerveau derrière le concept doctrinal préventif du CSD, a toujours la majorité de ses corps de frappe et de maintien orientés vers le Pakistan, bien que l’Inde prétende être prête à une double guerre. scénario de guerre de front. De plus, le combat et logistique les éléments de soutien de l’armée indienne faisaient auparavant partie des divisions en temps de paix et étaient sous-attribués aux brigades pendant les opérations. Désormais, dans le cadre d’une restructuration visant à adapter les IBG, ils ont été placés en permanence sous le commandement de brigades, ce qui signifie que la force peut être lancée à tout moment, et qu’ils n’ont pas besoin de se tourner vers la division pour leur fournir des éléments de soutien. Cette mesure a été adoptée pour le lancement rapide d’IBG, conçus uniquement pour être lancés contre le Pakistan dans le cadre des exigences du CSD.
Dans ce contexte, Fatah-II renforce les capacités de frappe conventionnelles du Pakistan, lui permettant de mener des missions d’interdiction au cœur du territoire ennemi. Pour la première fois, les bases militaires indiennes arrière, les dépôts de munitions, les centres logistiques et les bases aériennes sont à portée de frappe des munitions d’artillerie conventionnelles du Pakistan.
En résumé, le Fatah-II valide la présence de tactiques d’interdiction terrestre dans la stratégie de guerre conventionnelle de l’armée pakistanaise visant à retarder, perturber et détruire les IBG indiens avançant vers la frontière pakistanaise. Pour accomplir efficacement une telle mission, il faut une artillerie à longue portée et, sous la forme du Fatah-II, l’armée pakistanaise dispose d’une arme de contre-force conventionnelle parfaite.