La découverte que la fibrose peut être provoquée par une boucle auto-entretenue ouvre la porte à de nouvelles stratégies pour perturber le processus.
La fibrose, une maladie caractérisée par l’accumulation de tissu cicatriciel dans les organes, constitue depuis longtemps un défi pour la science médicale en ce qui concerne son traitement, en raison du manque de traitements efficaces pour arrêter ou inverser sa progression. Ces cicatrices, souvent déclenchées par une inflammation chronique, altèrent le fonctionnement normal des organes vitaux tels que les poumons, le foie, le cœur et les reins. Des conditions telles que la fibrose pulmonaire idiopathique et la stéatose hépatique peuvent en résulter. La fibrose résulte d’infections, d’une exposition à des produits chimiques ou de lésions tissulaires graves, mais dans de nombreux cas, la cause exacte reste inconnue.
Compte tenu de la nature insaisissable de la maladie, malgré des années de recherche, il est également limité de trouver des moyens efficaces de traiter la fibrose. De ce fait, de nombreux patients subissent de graves lésions organiques et succombent à la maladie. Ce qui rend la fibrose particulièrement dévastatrice, c’est la nature persistante des cicatrices. Une fois déclenché, le processus peut devenir autonome, piégeant le corps dans un cycle de dommages difficile à arrêter. Le tissu cicatriciel n’a pas la même fonctionnalité que le tissu sain, ce qui signifie qu’à mesure qu’il s’accumule, les organes perdent leur capacité à fonctionner normalement.
Les chercheurs s’efforcent de mieux comprendre les mécanismes à l’origine de la fibrose, dans l’espoir de trouver des cibles efficaces pour de futurs traitements médicamenteux. Récemment, une équipe de scientifiques du Westmead Institute for Medical Research en Australie, dirigée par le Dr Ziyan Pan, a découvert une boucle de rétroaction moléculaire qui entretient la fibrose dans plusieurs organes. En isolant cette boucle, ils ont ouvert de nouvelles possibilités de traitement ciblé.
Dans leur étude, l’équipe s’est concentrée sur une cytokine clé, le facteur de croissance transformant β (TGFβ), connu pour jouer un rôle majeur dans le développement de la maladie. Cependant, cibler directement le TGFβ s’est avéré difficile, car il est lié à de nombreuses autres fonctions critiques, ce qui en fait un candidat peu fiable pour un traitement médicamenteux. Au lieu de cela, Pan et ses collègues ont recherché des moyens alternatifs pour perturber le processus de fibrose sans affecter les autres voies.
Finalement, leurs recherches ont mis en évidence MERTK, une enzyme présente en grande quantité dans les tissus fibreux et qui pourrait être la clé de son traitement. Dans les modèles animaux et les échantillons de biopsie de foie humain provenant de patients atteints de stéatose hépatique, des taux élevés de MERTK étaient associés à des stades avancés de fibrose. Pan et son équipe ont découvert que MERTK contribuait non seulement au processus de cicatrisation, mais déclenchait également l’expression du TGFβ, créant ainsi une boucle de rétroaction positive qui perpétuait la fibrose. Les chercheurs ont ensuite testé un médicament expérimental, UNC569, qui inhibe l’activité MERTK. Dans des modèles murins de fibrose hépatique, rénale et pulmonaire, le médicament a non seulement ralenti la progression de la fibrose lorsqu’il est appliqué dès le début, mais a également inversé la fibrose hépatique existante dans les cas où les dommages étaient déjà bien avancés. Cette découverte est particulièrement significative : elle suggère que MERTK pourrait être une cible utile pour les futurs traitements antifibrotiques.
Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour déterminer si l’UNC569 ou des composés similaires seront sûrs et efficaces chez l’homme, l’étude représente une avancée majeure dans la lutte contre la fibrose. La découverte que la fibrose peut être provoquée par une boucle auto-entretenue ouvre la porte à de nouvelles stratégies pour perturber le processus. En ciblant MERTK, les chercheurs ont trouvé un moyen d’arrêter le cycle de cicatrisation, offrant potentiellement un soulagement à des millions de patients souffrant de maladies fibrotiques. Alors que l’équipe du Dr Pan poursuit ses travaux, on espère que ses découvertes mèneront éventuellement au développement de traitements capables de stopper ou même d’inverser les dommages causés par la fibrose dans divers organes.
Sources :
L’inhibition de MERTK réduit la fibrose des organes dans des modèles murins de maladie fibrotique
La fibrose manque de traitements et de méthodes d’inversion : une étude identifie une cible prometteuse pour la thérapie médicamenteuse
Cibler la fibrose : mécanismes et essais cliniques | Transduction du signal et thérapie ciblée