Auteur : Pieterjan Smeyers (Andersen)
La loi introduisant l’obligation d’émettre des factures électroniques structurées entre contribuables a été publiée au Moniteur belge le 20 février 2024. L’obligation d’émettre des factures électroniques découle du projet européen « La TVA à l’ère numérique » et, plus généralement, du de la volonté de lutter contre la fraude à la TVA, problème majeur dans la plupart des pays européens.
Les règles de facturation instaurées sont calquées sur celles déjà applicables aux transactions entre les secteurs privé et public, y compris les marchés publics.
Dans ce contexte, il est important de distinguer les factures envoyées électroniquement au format PDF de l’obligation d’envoyer des factures électroniques (e-invoicing), plus limitée et soumise à une procédure stricte.
La loi définit la facturation électronique ou e-facture comme une facture électronique « qui est émise, envoyée et reçue sous une forme électronique structurée permettant son traitement automatique et électronique ».
1. À qui s’applique l’obligation de facturation électronique ?
La facturation électronique s’applique à tous les achats et ventes de biens et/ou services en Belgique et entre sociétés assujetties à la TVA et établies en Belgique.
D’un point de vue pratique, les entreprises soumises à l’obligation de facturation électronique sont celles qui sont établies, enregistrées et assujetties à la TVA en Belgique.
Par conséquent, l’obligation de facturation électronique concerne également les entités étrangères ayant un établissement stable dans notre pays, mais ne s’applique pas aux entreprises établies en dehors du territoire national (même si elles sont identifiées à la TVA en Belgique, avec ou sans désignation d’un responsable). représentant).
Toutefois, la loi précise que certains émetteurs de factures sont exclus du champ d’application des règles de facturation électronique, notamment :
Les assujettis bénéficiant d’un régime de TVA forfaitaire, à l’exception du régime spécial de TVA des agriculteurs ; Les assujettis à la TVA déclarés en faillite ; Personnes bénéficiant d’une exonération de TVA au titre de l’article 44 du Code TVA.
A titre d’exemple, une entreprise de transport par ambulance ne sera pas soumise à l’obligation de facturation électronique, tandis qu’une entreprise belge en cours de réorganisation judiciaire mais soumise à la TVA devra se conformer aux nouvelles règles de facturation.
Il est à noter que le destinataire de la facture est tenu de l’accepter.
2. Comment la facturation électronique est-elle introduite ?
Il faudra attendre un Arrêté Royal avant de connaître les détails techniques des obligations à respecter lors de l’émission, de l’envoi et de la réception des factures électroniques.
Il sera probablement recommandé d’utiliser le réseau européen PEPPOL, à moins que les parties ne décident mutuellement de choisir un autre réseau pour leur facturation électronique structurée.
Dans tous les cas, les entreprises devront se conformer à la norme européenne (EN 16931-1 et CEN/TS 16931-2) qui définit la structure de la facture électronique.
Les données seront ensuite transmises par l’entreprise réalisant la transaction via une plateforme spécifique mise à disposition par l’administration fiscale.
Toutefois, la plateforme publique HERMES peut être utilisée temporairement pour envoyer des factures électroniques si le destinataire ne dispose pas encore d’un logiciel adapté à cet effet.
3. Quand la facturation électronique est-elle obligatoire ?
L’obligation de facturation électronique devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2026 et à partir de cette date les entreprises concernées devront se conformer à des procédures de facturation spécifiques.
Le non-respect de ces procédures entraînera de lourdes amendes, le fisc jugeant qu’aucune facture n’a été émise. Cela rend impossible la récupération de la TVA sur la facture et peut entraîner une pénalité fiscale.
4. Déduction des frais liés à la facturation électronique
Il convient de souligner qu’une déduction temporaire des frais, majorée de 120%, est prévue, à l’exception des frais d’amortissement, pour les frais engagés pour l’installation d’un logiciel de facturation, ainsi que pour les frais de conseil liés aux obligations prévues par cette loi.
Cette mesure s’applique aux entreprises individuelles et aux PME de l’année fiscale 2024 à 2027.
Par exemple, il couvre les frais d’abonnement périodiques à des programmes de facturation et les frais de conseil spécifiquement engagés pour la préparation ou la mise en œuvre des obligations de cette loi.
Les frais d’amortissement liés à la facturation électronique pour les entreprises individuelles et les PME seront éligibles à la déduction pour investissement majorée de 20% à partir du 1er janvier 2025.
Cela garantit un traitement fiscal égal aux dépenses liées à la facturation électronique structurée, que ces dépenses prennent la forme d’un investissement ou d’un simple coût.
Source : Andersen