La Cour de cassation française a annulé vendredi une sentence rendue lors d’un arbitrage devant la Chambre de commerce internationale (CCI) en 2020. L’affaire portée devant le tribunal français s’est produite lorsque l’arbitre-président d’un tribunal de la CCI composé de trois personnes, Thomas Clay, a écrit un éloge funèbre pour l’avocat Emmanuel Gaillard, conseil d’une partie devant l’instance.
L’arbitrage est le processus par lequel deux parties entretenant une relation commerciale soumettent un différend à un tribunal qui prend une décision contraignante sur le différend. L’indépendance et l’impartialité des arbitres sont requises en règle générale et sont expressément prévues dans les différentes lois qui régissent l’arbitrage. Dans cette affaire, l’arbitrage s’est déroulé selon le droit français.
Les parties impliquées étaient « la société DIT » et « la société PAD ». Le premier a été chargé de « gérer, exploiter et développer l’activité de manutention de conteneurs » du port du second à partir de 2004. Un différend entre les deux parties est apparu en 2019, à la suite duquel la société DIT a engagé une procédure d’arbitrage devant la CCI. L’arbitrage a abouti à une sentence en faveur de la société DIT en novembre 2020. Tout au long du processus, Clay n’a révélé aucune relation entre lui et Gaillard, avocat de la société DIT.
Suite à la publication de l’éloge funèbre en avril 2021, la société PAD a contesté la sentence prononcée par la CCI un an plus tôt en raison des relations personnelles entre Clay et Gaillard. L’éloge funèbre révèle que Clay et Gaillard se connaissaient depuis 2000, étaient des amis proches et avaient voyagé ensemble à l’étranger. Clay déclare même que «[he] admiré et aimé [Gaillard].» La CCI ayant rejeté la contestation, la société a interjeté appel devant la Cour d’appel de Paris, qui a annulé la sentence au motif que l’éloge funèbre révélait bien une relation personnelle que l’arbitre était tenu de divulguer, mais ne l’avait pas fait.
L’article 11 du Règlement d’arbitrage de la CCI 2021 exige explicitement que « chaque arbitre doit être et rester impartial et indépendant des parties impliquées dans l’arbitrage » et exige en outre que chaque « arbitre potentiel divulgue par écrit au Secrétariat tout fait ou circonstance qui pourrait être de nature à remettre en cause l’indépendance de l’arbitre aux yeux des parties.
Par ailleurs, l’article 1456 du Code de procédure civile exige qu’un arbitre « divulgue toute circonstance susceptible de porter atteinte à son indépendance ou à son impartialité ».
La décision a été portée en appel par la société DIT et portée devant la Cour de cassation française, qui a confirmé l’arrêt de la cour d’appel.