La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé que la Russie avait violé l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme (convention) dans un communiqué de presse publié mardi. La violation concernait le cas de Gadzhiyev et Gostev, qui ont été licenciés de leurs postes respectifs de policiers et d’employés du métro, après avoir exprimé leurs inquiétudes quant à leurs pratiques respectives dans leur secteur.
L’article 10 de la convention stipule que « toute personne a droit à la liberté d’expression ». Ce droit s’étend à la liberté d’opinion et de pensée qui peut être conférée « sans ingérence de l’autorité publique et sans considération de frontières ».
Gostev a donné deux interviews, soulevant des inquiétudes pour l’intérêt général du public qui pourraient résulter des fréquents incidents techniques survenant dans le métro. La CEDH a déterminé que son entretien avait pour but « d’améliorer les conditions de travail au sein de l’entreprise ». Le tribunal a examiné si l’employeur avait subi un préjudice en raison de ces déclarations, mais a jugé cette possibilité sans conséquence dans la mesure où les informations divulguées par le requérant n’étaient pas de nature confidentielle, en plus du manque de considération de la part du tribunal russe. Le préjudice a été jugé plus grave pour Gostev, en raison de son licenciement et de l’empêchement probable à l’emploi qui en a résulté. Ainsi, la CEDH a jugé que la décision violait l’article 10 de la convention en raison de l’incapacité de prouver une corrélation directe avec la protection de la démocratie.
Gadzhiyev a également fait part de ses inquiétudes concernant la corruption des forces de police lors d’entretiens publics, qui ont conduit à des sanctions. Les tribunaux nationaux ont rejeté la question au motif qu’elle était d’intérêt général et ont donc autorisé les sanctions parce qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour étayer l’allégation formulée. La CEDH a déterminé que le tribunal russe avait strictement respecté ses lois nationales, qui empêchaient la police de divulguer la moindre information sur l’industrie. Quoi qu’il en soit, le tribunal a estimé qu’il n’existait aucun moyen par lequel la suppression de son opinion était « nécessaire dans une société démocratique ».
La Russie a déjà été condamnée pour ses nombreuses tentatives visant à étouffer la dissidence. La CEDH a statué que le pays avait violé les articles 10 et 11 dans l’affaire Fondation Andrey Rylkov et autres c. Russie, dans laquelle l’ONG Free Russia Foundation (FRF) a été classée « indésirable » par le gouvernement. Le tribunal a jugé que les efforts répétés de la Russie pour restreindre les activités des organisations violaient les droits humains fondamentaux. En juillet 2022, des experts des droits de l’homme de l’ONU ont également a critiqué le recours par la Russie aux lois sur les « agents étrangers » pour supprimer la liberté d’expression et de réunion pacifique.
La Russie s’est retirée de la convention le 16 septembre 2022. La CEDH a accepté de continuer à évaluer les cas concernant des violations de la convention par la Russie qui ont été déposés avant le retrait du pays.