La Cour constitutionnelle de Zambie a statué mardi que l’ancien président Edgar Lungu n’était pas éligible pour briguer un autre mandat. Cette décision fait suite à l’annonce par Lungu de son retour à la politique active l’année dernière, déclenchant un débat sur son éligibilité en vertu des limites constitutionnelles du mandat de la Zambie.
Le tribunal a estimé que Lungu, président de 2015 à 2021, avait déjà accompli le maximum de deux mandats autorisés par la constitution zambienne. L’arrêt souligne le principe constitutionnel consistant à limiter le mandat des exécutifs afin de garantir la responsabilité démocratique et d’empêcher la concentration du pouvoir.
L’interprétation des dispositions transitoires et des amendements introduits par la constitution de 2016 était au cœur de la décision de la Cour. Le pétitionnaire a soutenu que le premier mandat de Lungu, accompli en vertu de la constitution abrogée de 1991, devrait être pris en compte dans la limite de deux mandats prescrite par le cadre constitutionnel actuel. Le tribunal a accepté, estimant que les dispositions transitoires ne modifiaient pas rétroactivement la définition d’un mandat présidentiel, confirmant ainsi que le mandat de Lungu de 2015 à 2016, suivi de son mandat ultérieur de 2016 à 2021, constituait deux mandats complets.
Lungu avait soutenu que son mandat initial, qui avait débuté après la mort de son prédécesseur, ne devait pas être pris en compte dans la limite. Selon Lungu, il n’a pas remporté les élections générales pour ce mandat mais a pris ses fonctions par succession. Cependant, le tribunal a précisé que les deux mandats qu’il a accomplis, quelle que soit leur durée, constituaient un mandat à part entière au sens de la constitution.
En rejetant d’autres contre-arguments de l’équipe juridique de Lungu, le tribunal a répondu aux affirmations selon lesquelles l’affaire était chose jugée, affirmant que l’affaire actuelle impliquait de nouvelles questions juridiques non résolues auparavant, en particulier l’interprétation combinée des clauses transitoires de la Constitution de 2016. En outre, la Cour a noté que le principe du contrôle judiciaire lui permet de réexaminer et de clarifier les ambiguïtés constitutionnelles, en particulier lorsque des principes démocratiques fondamentaux sont en jeu.
La décision met en outre l’accent sur la doctrine de l’alternance obligatoire, qui est intrinsèque à la structure démocratique de la Zambie. Ce principe garantit qu’aucun individu ne détient le pouvoir présidentiel pendant plus de deux mandats, favorisant ainsi le renouveau politique et empêchant une autorité bien ancrée. En clarifiant la portée des dispositions constitutionnelles, la Cour a renforcé l’impératif pour les agents publics de respecter la limitation des mandats, pierre angulaire de la gouvernance démocratique.