La Cour constitutionnelle thaïlandaise a ordonné mercredi la dissolution du parti progressiste Move Forward Party (MFP) sur la base de la proposition du parti visant à modifier la loi controversée sur le lèse-majesté du pays.
La loi sur le crime de lèse-majesté, inscrite dans l’article 112 du Code pénal thaïlandais, prévoit de lourdes sanctions pour toute personne qui diffame, insulte ou menace la monarchie thaïlandaise. Le MFP a proposé de modifier cette loi et s’est défendu contre une pétition de la Commission électorale demandant la dissolution du parti. La Cour constitutionnelle a jugé que cette proposition violait la constitution thaïlandaise, qui impose la protection de la monarchie.
Lors des élections générales de 2023, le MFP a remporté le plus grand nombre de sièges à la Chambre des représentants. Cependant, le parti n’a pas pu former un gouvernement en raison de l’opposition d’autres factions au sein de l’establishment politique.
Amnesty International a critiqué la décision du tribunal, estimant qu’elle témoigne d’un mépris total des autorités pour les obligations internationales de la Thaïlande en matière de droits humains. L’organisation a appelé à l’abrogation ou à la modification de cette décision afin de la rendre conforme aux normes internationales en matière de droits humains.
Deprose Muchena, directeur général d’Amnesty International, a déclaré :
La dissolution d’un parti simplement parce qu’il prône des réformes juridiques constitue une grave violation des droits à la liberté d’expression et d’association à l’encontre de législateurs qui accomplissaient simplement leur devoir de proposer des lois. Le harcèlement incessant des autorités à l’encontre de l’opposition politique constitue une contradiction flagrante alors que la Thaïlande s’est publiquement engagée à jouer un rôle de leader mondial en matière de droits de l’homme en demandant un siège au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Le MFP a exprimé sa déception face à la décision du tribunal mais a réaffirmé sa détermination à continuer de défendre ses principes et ses objectifs. Les dirigeants du parti se sont engagés à poursuivre leur plaidoyer en faveur de la réforme politique et des droits de l’homme par d’autres moyens.
Le parti a annoncé que ses 143 législateurs restants formeraient un nouveau parti.