La Cour d’appel de l’Ontario a statué dans R c. Pike vendredi, que les fouilles électroniques aléatoires aux frontières canadiennes sont inconstitutionnelles.
L’alinéa 99(1)(a) de la Loi sur les douanes, LRC (1985), autorise tout agent à « examiner, à tout moment jusqu’au moment de la mainlevée, les marchandises importées et à ouvrir ou faire ouvrir les colis ou les contenants de marchandises importées ». L’importance de cet article réside dans le fait qu’il ne prescrit aucun motif sur lequel la fouille ou l’inspection doit être fondée. Ainsi, il laisse aux agents de contrôle frontalier de vastes pouvoirs pour inspecter les effets personnels des voyageurs sans être liés à aucune limite raisonnable. Ce pouvoir, lorsqu’il est étendu aux appareils électroniques des particuliers, peut susciter de graves inquiétudes quant à leur vie privée et à leur droit à la protection contre les fouilles et les saisies abusives.
Les plaignants, Jeremy Pike et David Scott, étaient des voyageurs dont les appareils ont été fouillés en vertu de l’article et qui contenaient de la pornographie juvénile. Le tribunal a examiné et accepté l’idée selon laquelle la norme actuelle pour effectuer des fouilles est trop faible. Il a déclaré que la loi « autorise les agents des frontières à rechercher certaines des informations les plus privées imaginables selon la norme la plus basse possible pour justifier une fouille, à savoir que dans leur propre esprit, les agents des frontières essayaient sincèrement de trouver des preuves de violations de la loi frontalière ». Ainsi, elle viole l’article 8 de la Constitution, qui garantit à chacun le droit à la protection contre les fouilles ou les saisies abusives.
Dans le même temps, le tribunal n’a pas annulé les accusations portées contre les deux individus, estimant que « l’inconstitutionnalité de cette loi ne donne pas droit à [them] « Les accusés ont été acquittés des crimes graves commis contre des enfants dont ils étaient accusés. » Alors que le tribunal de première instance avait exclu les éléments de preuve recueillis lors du procès, la cour d’appel a observé que « la confiance de bonne foi de l’agent des frontières dans la loi existante » aurait dû être prise en considération et a ordonné un nouveau procès au cours duquel les éléments de preuve seraient examinés.
La Cour d’appel de l’Alberta a examiné une question similaire dans l’affaire R c. Canfield, où elle a observé que «[the section] est inconstitutionnelle dans la mesure où elle s’applique aux recherches d’informations contenues sur des appareils électroniques personnels. »
À la suite de ce jugement de 2022, le projet de loi S-7, Loi modifiant la Loi sur les douanes et la Loi sur le précontrôle de 2016, a été déposé au Sénat. Le projet de loi vise à corriger les lacunes de la Loi sur les douanes en mettant en place un seuil légal pour lancer une enquête sur les appareils électroniques, en limitant les enquêtes à des limites précises et en créant des contrôles juridiquement contraignants sur la conduite des agents à cet égard. Le projet de loi est toujours en attente et n’a pas encore été adopté.