La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé jeudi par 5 voix contre 2 qu’un tribunal polonais avait violé le droit d’une femme à la vie privée et familiale en la forçant à se rendre à l’étranger pour se faire avorter en raison d’une anomalie fœtale.
Dans sa requête auprès de la CEDH, la requérante a affirmé qu’en 2020, elle avait subi des tests qui ont révélé que son fœtus était atteint de trisomie 21, également connue sous le nom de syndrome de Down, une maladie chromosomique qui comprend diverses malformations congénitales et problèmes d’apprentissage. Le 26 janvier 2021, un médecin polonais a accepté de lui faire avorter deux jours plus tard, après avoir déterminé qu’elle y était admissible en vertu de l’article 4a(1)2 de la loi sur la planification familiale de 1993. Cependant, le 27 janvier 2021, le Tribunal constitutionnel polonais a rendu un arrêt autorisant l’entrée en vigueur d’une interdiction quasi totale de l’avortement. L’avortement programmé de la requérante a été annulé et elle a dû se rendre aux Pays-Bas pour l’intervention, qui lui a coûté 1 220 €.
Dans son avis, la CEDH a fait référence à l’article 31 de la loi de 2008 sur les droits des patients et au Médiateur pour les droits des patients, qui permet à un patient de s’opposer à l’avis ou à la décision d’un médecin. Il a également fait référence à l’article 23 du Code civil polonais, qui prévoit des protections pour les « droits personnels ». En fin de compte, la CEDH a estimé que le tribunal polonais avait violé l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui garantit le droit au respect de la vie privée et familiale. Selon l’avis :
La Cour rappelle qu’elle a déjà jugé que la législation régissant l’interruption de grossesse touche à la sphère de la vie privée de la femme, puisque chaque fois qu’une femme est enceinte, sa vie privée devient étroitement liée au développement du fœtus. Le droit d’une femme au respect de sa vie privée doit être mis en balance avec d’autres droits et libertés concurrents invoqués, notamment ceux de l’enfant à naître.
La Pologne possède certaines des lois sur l’avortement les plus strictes de l’UE. Les organisations internationales de défense des droits de l’homme ont qualifié ces lois de « contraires aux normes internationales et européennes en matière de droits de l’homme et aux directives de santé publique ».