La Cour suprême de Nouvelle-Zélande a confirmé lundi à l’unanimité l’appel du procureur général, révisant le critère juridique en vertu de la loi de 2011 sur les zones marines et côtières (Takutai Moana) (MACA). La décision abaisse effectivement les obstacles qui empêchent les Maoris, le peuple autochtone d’Aotearoa en Nouvelle-Zélande, d’établir des droits coutumiers sur l’utilisation de l’estran et des fonds marins.
Le jugement de la Cour suprême était centré sur l’interprétation de l’article 58 de la MACA. La cour a estimé que la Cour d’appel avait adopté une interprétation « indûment étroite » des critères d’octroi d’un titre maritime coutumier (CMT) dans la zone marine et côtière commune, précédemment appelée estran et fonds marins. La Cour suprême a souligné que « le texte et l’historique législatif de la MACA indiquent clairement que son objectif est de reconnaître et de concilier les intérêts concurrents dans les zones marines et côtières ».
Le tribunal a fondé son jugement sur l’interprétation de quatre questions clés de l’article 58. La disposition définit les conditions requises pour l’octroi d’un CMT, notamment que le groupe demandeur « détient » la zone « conformément au tikanga » (droit coutumier maori, un cadre de valeurs et pratiques guidant les procédures correctes) et a « exclusivement utilisé et occupé » la zone « de 1840 à nos jours sans interruption substantielle ».
La Cour suprême a en outre estimé que le test en trois étapes adopté par la Cour d’appel « ne répond pas de manière transparente à la tâche de réconciliation mandatée par la loi » et a identifié quatre prémisses de base qui le sous-tendent. Il s’agit de la « suppression de la propriété de la Couronne » dans la zone marine et côtière commune, de la renaissance des intérêts coutumiers maoris qui avaient été supprimés en vertu de la législation précédente, de la « protection des droits de propriété acquis et des activités expressément autorisées » et de « l’accès du public, de la navigation et des droits de pêche » dans la zone marine et côtière.
Concernant les éléments identifiés, la Cour suprême a appliqué une approche holistique, « éclairée par le tikanga », à interpréter ce que signifie « détenir » un CMTrejetant l’interprétation restrictive de la Cour d’appel. Une déclaration de la Cour a noté : « L’intérêt coutumier ne peut pas être simplement un ensemble d’activités ou d’utilisations sans lien entre elles. Il doit y avoir une relation intégrée ou holistique avec le paysage marin. Concernant « l’usage et l’occupation exclusifs », note le jugement, « l’usage et l’occupation ne peuvent pas signifier qu’une occupation physique réelle du paysage marin est requise », mais plutôt un « lien culturel fort » basé sur le tikanga.
Ce jugement est le premier d’une série de deux concernant des revendications de droits coutumiers sur les ports, les embouchures des rivières, les plages et le paysage marin de l’est de la Baie de Plenty. Il découle de sept appels distincts devant la Cour suprême, qui ont été « entendus ensemble en raison du chevauchement important en termes de questions et de lieu. L’interprétation de l’article 58 concerne principalement l’appel du procureur général, tandis que le deuxième jugement à venir abordera les questions restantes découlant des appels.
Plus tôt cette année, le gouvernement a proposé des modifications à l’article 58 de la MACA. Cependant, une enquête du tribunal de Waitangi, publiée en septembre 2024, a déterminé que la Couronne avait violé Te Tiriti o Waitangi (Traité de Waitangi), recommandant à la Couronne de suspendre sa modification de la loi.