La Cour suprême du Mexique a rejeté mardi une contestation des réformes judiciaires controversées adoptées par le gouvernement en septembre de cette année. Les réformes rendront tous les juges du Mexique élus au suffrage populaire et établiront un tribunal disciplinaire judiciaire élu pour superviser les juges.
Le nombre de juges à la Cour suprême sera également réduit de 11 à 9, et leur mandat sera fixé à 12 ans au lieu de 15 ans, sans possibilité de réélection. La procédure de vote s’appliquera aux juges de différents tribunaux, notamment la Cour suprême, les magistrats des tribunaux de circuit et les juges des tribunaux de district. Pour l’instant, il est prévu de se dérouler en deux phases. La première phase des élections aura lieu en 2025 pour élire les juges de la Cour suprême et « la moitié des juges et magistrats du circuit fédéral et des districts ». En 2025, le nouveau tribunal disciplinaire judiciaire composé de cinq membres sera également élu. La deuxième phase aura lieu en 2027, pour pourvoir le reste des postes.
La contestation de la réforme a été soutenue par 7 juges, soit un de moins que les 8 requis pour déclarer inconstitutionnelles certaines parties des réformes.
Des protestations généralisées ont commencé à peu près au moment où la loi était approuvée par le Sénat. Les juges et magistrats fédéraux se sont également mis en grève contre les changements jusqu’à la mi-octobre. Le gouvernement continue de justifier la loi en affirmant qu’elle éliminera la corruption du système judiciaire et le rendra directement responsable devant le peuple. Malgré les protestations, le président actuel affirme que la loi reflète la volonté du peuple et que le pouvoir judiciaire outrepasse ses limites en la révisant.
Le changement proposé placerait le Mexique parmi les très rares pays qui occupent des postes judiciaires par le biais d’élections populaires. Un certain nombre d’individus et d’organisations ont critiqué la nouvelle loi, principalement en raison de son effet politisant qui pourrait porter atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire. L’ambassadeur américain au Mexique a par exemple déclaré :
[D]L’élection directe des juges constitue un risque majeur pour le fonctionnement de la démocratie mexicaine. Toute réforme judiciaire doit comporter des garanties appropriées qui garantiront que le pouvoir judiciaire sera renforcé et non soumis à la corruption politique… nous comprenons l’importance de la lutte du Mexique contre la corruption judiciaire. Mais l’élection politique directe des juges, à mon avis, ne permettrait pas de lutter contre la corruption judiciaire ni de renforcer le pouvoir judiciaire du gouvernement.