DOSSIER D’URGENCE
Par Amy Howe
le 5 août 2024
à 17h03
Le tribunal a rendu lundi après-midi son ordonnance non signée rejetant la candidature du Missouri. (Katie Barlow)
La Cour suprême a rejeté lundi une requête du Missouri visant à empêcher l’État de New York d’imposer une ordonnance de bâillon et de condamner l’ancien président Donald Trump dans le cadre de sa procédure pénale jusqu’après les élections de 2024.
Après six semaines de procès, Trump a été reconnu coupable en mai par un tribunal de l’État de New York de 34 chefs d’accusation de falsification de documents commerciaux. Les procureurs ont affirmé que Trump avait cherché à dissimuler un paiement de 130 000 dollars à la star de cinéma pour adultes Stormy Daniels pendant l’élection de 2016, effectué en échange de son silence sur une prétendue relation sexuelle avec Trump en 2006. (Trump a nié toute relation sexuelle avec Daniels.)
La condamnation de Trump était initialement prévue pour le 11 juillet, mais elle a été reportée au moins jusqu’en septembre à la suite de la décision de la Cour suprême du 1er juillet selon laquelle les anciens présidents bénéficient d’une large immunité de poursuites pour leurs actes officiels.
Dans une brève ordonnance non signée et sans aucune explication, les juges ont rejeté une tentative de longue haleine du procureur général du Missouri, Andrew Bailey, de déposer une plainte contre l’État de New York directement devant la Cour suprême. Bailey a déclaré aux juges qu’il voulait s’assurer que les électeurs du Missouri et d’ailleurs puissent entendre Trump et que ce dernier puisse « voyager et faire campagne librement » sans l’ordre de bâillon.
Bailey a critiqué le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg, pour avoir porté « des accusations manifestement faibles dans le but évident de tenter d’infliger un préjudice politique à Trump et de tenter de restreindre sa capacité à faire campagne avant une élection annoncée comme très serrée par les sondages ».
La procureure générale de l’État de New York, Letitia James, a rétorqué que le Missouri n’avait pas exposé le type de préjudice tangible causé à ses intérêts étatiques qui justifie l’introduction de cette action en justice. Au contraire, James a soutenu que « le Missouri cherche clairement et de manière inadmissible à favoriser les intérêts individuels de l’ancien président Trump ».
Le Missouri n’a pas non plus démontré, a poursuivi James, que New York lui causait un quelconque préjudice. La plainte du Missouri vise à bloquer les ordonnances obtenues par Bragg, le procureur de Manhattan, devant un tribunal d’État. « Permettre au Missouri d’intenter cette action en justice contre New York permettrait une manœuvre extraordinaire et dangereuse pour contourner les procédures judiciaires en cours de l’ancien président Trump et les limitations statutaires de la compétence de cette Cour pour examiner les décisions des tribunaux d’État. »
De plus, a ajouté James, après le verdict de mai contre Trump, le juge Juan Merchan a levé la plupart des ordonnances limitant les déclarations extrajudiciaires de Trump, y compris l’interdiction d’attaquer les témoins et les jurés.
Les juges Clarence Thomas et Samuel Alito ont indiqué qu’ils auraient permis au Missouri de déposer sa plainte contre New York.
Cet article a été initialement publié sur Howe on the Court.