La Haute Cour de Malaisie a décidé mercredi que l’accusation avait rassemblé suffisamment de preuves pour poursuivre le procès de l’ancien Premier ministre malaisien Najib Razak. Le tribunal a également jugé que Najib Razak devait se défendre contre des accusations d’abus de pouvoir et de blanchiment d’argent liées à la mauvaise gestion du fonds d’investissement 1 Malaysia Development Berhad (1MDB).
Dans un communiqué de presse, la Haute Cour a déclaré que l’accusation présentait des éléments solides confirmant les éléments des crimes prétendument commis par Najib Razak dans le scandale 1MDB. L’accusation a porté 25 chefs d’accusation contre lui. Ils comprennent quatre accusations d’abus de pouvoir en vertu de l’article 23 (1) de la loi de 2009 sur la Commission anti-corruption (MACC) et 21 accusations de blanchiment d’argent en vertu de l’article 4 (1) (a) de la loi de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Loi de 2001 (AMLATFA).
L’équipe de défense de Najib Razak a affirmé que l’accusation n’avait pas respecté l’article 163 du Code de procédure pénale malaisien, arguant que les preuves étaient « défectueuses, trompeuses et ambiguës ». Ils ont également ajouté que les procureurs avaient violé la règle du ouï-dire en recevant les dépositions de dix témoins. Cependant, le tribunal a maintenu qu’il avait évalué minutieusement les preuves présentées et les avait jugées crédibles et fiables.
Le tribunal a expliqué que Najib Razak avait utilisé sa position de Premier ministre et de président du conseil consultatif de 1MDB pour obtenir des milliards de dollars sous couvert de projets d’investissement. En réalité, ces fonds ont été transférés sur ses comptes personnels auprès de diverses banques à travers le monde. Certains fonds provenaient de sociétés étrangères et d’autres comprenaient des dons de la royauté arabe. L’accusation a également fourni la preuve que l’ancien Premier ministre a reçu, utilisé et transféré des fonds provenant d’activités illégales, ce qui constitue du blanchiment d’argent.
Cette décision est liée à l’un des plus grands scandales financiers de la Malaisie, connu sous le nom d’affaire de fraude 1MDB. 1MDB est un fonds d’investissement public malaisien fondé en 2009 par Najib Razak, qui en a également été président. Le fonds a été créé pour financer des projets de développement économique en Malaisie. Alors que le fonds de développement a permis de récolter des milliards de dollars, ceux-ci ont été détournés par des responsables gouvernementaux. Des enquêtes pour corruption lancées en 2018 dans six pays ont révélé que des responsables du gouvernement malaisien, dont Najib Razak, avaient siphonné 4,5 milliards de dollars de 1MDB sur plusieurs années pour leurs gains personnels. L’affaire implique également des entités étrangères dont Goldman Sachs. Dans le même ordre d’idées, le ministère américain de la Justice a conclu un accord de règlement avec le financier malaisien qui avait comploté le stratagème frauduleux.
Najib Razak a été arrêté puis libéré sous caution en 2018, après quoi il a fait face à de nouvelles accusations de corruption. En 2020, il a été condamné à 12 ans de prison pour abus de pouvoir, abus de confiance et blanchiment d’argent. Quatre ans plus tard, les commissions des grâces de Malaisie ont réduit la peine d’emprisonnement de Razak à six ans. De plus, Razak a déposé une demande de contrôle judiciaire demandant de purger sa peine de six ans d’emprisonnement en résidence surveillée plutôt qu’en prison.
Bien que sa demande n’ait pas encore été approuvée, le gouvernement a présenté une proposition législative qui permettrait de remplacer les peines de prison par des assignations à résidence. Le timing de cette proposition a suscité des inquiétudes et a été décrit comme une procédure au profit de l’ancien Premier ministre emprisonné. Le gouvernement a néanmoins nié ces allégations, affirmant que cette proposition s’inscrivait dans le cadre d’une réforme plus large de la justice pénale visant à réduire la surpopulation carcérale.