La Haute Cour du Kenya a déclaré mardi qu’un prélèvement de 1,5 pour cent, introduit dans un précédent projet de loi visant à financer le logement abordable, violait les principes constitutionnels. Ce prélèvement était une disposition de la loi de finances 2023, qui a fait l’objet de contestations judiciaires plus tôt cet été au milieu de manifestations de masse contre la crise du coût de la vie au Kenya.
La taxe sur le logement faisait partie de la loi de finances 2023 proposée par le gouvernement du président William Ruto en juin de cette année. Les juges ont statué que l’article 48 de la loi de finances, qui introduit une taxe de logement pour les travailleurs salariés formels, viole le principe de taxation car il établit une distinction injustifiée entre les personnes employées dans les secteurs formels et informels. Le tribunal a ajouté que le gouvernement n’avait pas fourni d’explication raisonnable pour l’imposition de ce prélèvement, ce qui rend le projet de loi arbitraire et discriminatoire.
Outre la taxe d’habitation, le projet de loi a également augmenté de manière significative la taxe sur les carburants et le taux d’imposition sur le revenu pour les personnes appartenant aux tranches de revenus les plus élevées. L’annonce de ces mesures a donné lieu à des manifestations massives du public en juillet. Les opposants à la décision ont affirmé que le projet de loi exercerait une pression financière accrue sur les ménages dans un contexte de hausse du coût de la vie dans le pays. Au Kenya, les prix des biens essentiels tels que les pommes de terre et l’électricité ont augmenté respectivement de 23 pour cent et 44 pour cent sur un an en octobre.
Cependant, le gouvernement en place a fait valoir que la taxe sur le logement est essentielle pour fournir des logements abordables aux citoyens et a exhorté la Haute Cour à reconsidérer sa décision. En réponse à la décision de la Haute Cour, le président Ruto a déclaré que la loi visait intentionnellement le secteur du logement afin de créer des emplois pour les Kenyans afin qu’un plus grand nombre de personnes, en particulier les jeunes, puissent être engagées dans un travail productif. Il a ajouté que son gouvernement procéderait aux ajustements nécessaires selon l’avis du tribunal. On s’attend également à ce que la taxe sur le logement allège le fardeau budgétaire du gouvernement kenyan, qui est confronté à un ratio dette/PIB croissant et à des risques financiers accrus.
La Haute Cour a approuvé la demande de suspension de 45 jours de l’ordonnance présentée par l’avocat représentant le gouvernement. Actuellement, le gouvernement tente de décider s’il doit engager une procédure d’appel ou modifier la loi pour résoudre les problèmes juridiques. Le prélèvement est donc suspendu jusqu’au 10 janvier 2024.