L’armée du Myanmar, connue sous le nom de Tatmadaw, a annoncé samedi l’entrée en vigueur de la loi sur le service militaire populaire, qui exige que tous les hommes âgés de 18 à 35 ans et les femmes âgées de 18 à 27 ans servent dans l’armée pendant au moins deux ans.
L’activation de la loi sur le service militaire populaire fait suite à une série de défaites de la junte militaire ces derniers mois. La « Fraternité tripartite », une alliance de groupes rebelles au Myanmar, a lancé une offensive majeure dans la région nord du Shan, s’emparant d’un poste frontière avec la Chine et de plusieurs avant-postes militaires. Depuis le début de l’offensive le 27 octobre, les forces de l’opposition ont pris le contrôle de plusieurs villes de l’État Shan, perturbé les routes critiques menant à la frontière et contraint des centaines de soldats de la junte à se rendre. Malgré les intenses bombardements aériens et d’artillerie de l’armée, la junte a eu du mal à regagner les territoires perdus, encourageant d’autres groupes rebelles à travers le Myanmar à intensifier leurs attaques, aggravant encore les pertes de la junte.
Cette escalade militaire découle du coup d’État de la Tatmadaw le 1er février 2021, qui a abouti à l’arrestation de hauts responsables du gouvernement, dont Aung San Suu Kyi et le président Win Myint. L’armée a affirmé que les élections avaient été truquées, une affirmation rejetée par les observateurs indépendants, déclenchant de nombreuses manifestations et une désobéissance civile exigeant la libération des dirigeants détenus et le rétablissement de la démocratie.
En réponse à l’escalade de l’opposition armée, la junte a publié une déclaration annonçant la mise en œuvre de la loi sur le service militaire populaire, introduite en 2010 mais restée inactive. La loi de 2010 met l’accent sur le devoir des citoyens de sauvegarder l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Myanmar, et impose la formation et le service militaires. En cas d’urgence, la loi autorise la prolongation du service militaire jusqu’à cinq ans. Il prévoit également des sanctions en cas de non-respect, notamment des peines d’emprisonnement ou des amendes. Même si la déclaration de la junte était peu détaillée, elle mentionnait que le ministère de la Défense publierait bientôt des règlements, procédures, annonces, ordres, avis et instructions clés liés à la mise en œuvre de la loi.