Dans leur dernière mesure contre les fabricants de logiciels espions, les États-Unis ont imposé de nouvelles sanctions à un ancien officier du renseignement israélien qui a aidé des régimes autoritaires à obtenir une technologie de surveillance qui a été utilisée contre des responsables du gouvernement américain, des journalistes et des experts politiques, ont annoncé mardi des responsables américains.
Tal Dilian a fondé Intellexa Consortium, dont la suite logicielle Predator comprend un logiciel espion qui, placé sur le smartphone d’un adversaire, peut suivre sa position, activer sa caméra et télécharger secrètement des fichiers.
L’entreprise « a permis la prolifération de logiciels espions commerciaux et de technologies de surveillance dans le monde entier, y compris auprès des régimes autoritaires », selon un communiqué du Département du Trésor. « Le logiciel espion Predator a été déployé par des acteurs étrangers dans le but de surveiller secrètement les responsables du gouvernement américain, les journalistes et les experts politiques. »
Predator a été utilisé pour espionner le représentant Michael McCaul, R-Texas, et le sénateur John Hoeven, RN.D, deux membres du comité de sécurité intérieure de la Chambre, selon un rapport d’octobre d’Amnesty International.
Predator a également joué un rôle lors des élections grecques de 2022, où les enquêteurs l’ont trouvé sur les téléphones de 33 personnes, dont des ministres et des journalistes.
Des parties du Consortium Intellexa sont situées en Grèce, en Irlande, en Macédoine du Nord, en Hongrie et ailleurs. Les sanctions visent également Sara Aleksandra Fayssal Hamou, que le Département d’État décrit comme une « spécialiste de la délocalisation d’entreprises qui a fourni des services de gestion au Consortium Intellexa ».
L’administration Biden a renforcé ses outils juridiques pour cibler les créateurs de logiciels espions. En novembre 2021, le Département d’État a mis sur liste noire le groupe israélien NSO. En mars dernier, la Maison Blanche a publié un décret interdisant l’utilisation par le gouvernement de logiciels espions.
Mais pour illustrer bien le défi que représente l’interdiction des logiciels espions qui pourraient être utiles à la collecte de renseignements, le gouvernement américain aurait payé NSO Group pour un outil capable de suivre les utilisateurs de téléphones mobiles dans le monde entier.
L’annonce de mardi marque « la première fois que le gouvernement américain utilise des sanctions contre les fournisseurs de logiciels espions commerciaux pour avoir permis une utilisation abusive de leurs outils », selon un responsable de la Maison Blanche qui s’est entretenu mardi avec des journalistes.