La République démocratique du Congo (RDC) a ratifié vendredi le Protocole facultatif à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
La ratification par la RDC du Protocole facultatif, qui entrera en vigueur le 26 mai 2024, représente une étape importante vers le renforcement de la prévention de la torture et des mauvais traitements dans le pays. En tant qu’État partie, la RDC doit établir ou désigner un ou plusieurs mécanismes nationaux de prévention (MNP) indépendants dans un délai d’un an, conformément à l’article 17. Ces MNP seront habilités à examiner régulièrement le traitement des personnes privées de liberté, à faire des recommandations aux autorités. , et avoir un accès sans entrave à tous les lieux de détention, comme décrit aux articles 19 et 20.
En outre, l’article 4 stipule que la RDC doit autoriser les visites du Sous-Comité des Nations Unies pour la prévention de la torture (SPT) dans tout lieu relevant de sa juridiction où des personnes sont ou peuvent être privées de liberté. Lors de ces visites, la RDC doit accorder au SPT un accès illimité aux informations, aux installations et aux détenus, conformément à l’article 14. Même si cela peut s’avérer difficile, coopérer avec le SPT, examiner ses recommandations et engager un dialogue constructif sur les mesures de mise en œuvre conformément aux L’article 12 offre à la RDC une précieuse opportunité de bénéficier de l’expertise du SPT dans le renforcement des protections contre la torture.
Cette décision intervient à un moment où les violences s’accentuent entre les forces gouvernementales et le groupe rebelle M23, l’un des plus de 100 groupes armés opérant dans la partie orientale du pays, ravagée par les conflits et riche en ressources, et qui est un centre de conflits depuis le début du conflit. Années 1990.
Un récent rapport des Nations Unies, couvrant la période d’avril 2019 à avril 2022, a souligné la prévalence alarmante de la torture dans les régions touchées par le conflit en RDC, où l’impunité est généralisée. Le rapport, publié conjointement par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en RDC (BCNUDH) et la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), a révélé que 93 % des 3 618 cas documentés de torture, de traitements cruels, inhumains ou dégradants, impliquant 4 946 personnes. victimes, se sont produites dans des zones touchées par des conflits armés. Parmi ces cas, 492 concernaient des violences sexuelles contre 761 victimes. Selon les conclusions du rapport de l’ONU, les membres des forces de défense et de sécurité de la RDC sont responsables de 1 293 cas de torture et de mauvais traitements. Le rapport révèle que des personnes ont été soumises à la torture et à des mauvais traitements alors qu’elles exerçaient leurs droits fondamentaux, tels que la liberté d’expression et de réunion pacifique, ou pendant leur détention. Malgré l’ampleur des violations et des abus documentés au cours de la période considérée, seuls deux officiers de l’armée, 12 officiers de la police nationale et 75 membres de groupes armés ont été reconnus coupables d’infractions liées à la torture.
De plus, un rapport du Département d’État américain de 2023 a mis en évidence des allégations concernant la prévalence de la torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants en RDC. Selon le rapport, malgré les interdictions légales, des informations crédibles ont fait état de responsables gouvernementaux employant de telles pratiques. Le rapport indique que tout au long de l’année, des informations crédibles suggèrent que les forces de sécurité congolaises ont soumis divers groupes, notamment des minorités et des journalistes, à des traitements et à des châtiments cruels et inhumains. Il a affirmé que les enfants vivant ou travaillant dans la rue étaient victimes d’abus de la part des forces de sécurité, tandis que des groupes minoritaires et des journalistes auraient également été victimes de viols et de violences sexuelles de leur part. Bien que le rapport souligne que l’impunité pour les mauvais traitements infligés par les forces de sécurité reste un problème, il indique que le gouvernement a déployé des efforts limités en matière de responsabilisation, comme les peines à perpétuité prononcées contre quatre policiers pour avoir prétendument torturé à mort un détenu en 2021.