PARIS — Les Pays-Bas ont choisi le groupe naval français pour construire quatre sous-marins d’attaque dans le cadre d’un projet d’une valeur de 5,65 milliards d’euros (6,17 milliards de dollars), dépassant les offres de l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems et du suédois Saab Kockums en coopération avec le constructeur naval néerlandais Damen.
Naval Group fournira une version à propulsion conventionnelle de son sous-marin Barracuda pour remplacer les quatre sous-marins d’attaque de classe Walrus de la Marine royale néerlandaise, dont le premier a pris sa retraite en octobre.
Le constructeur naval français devra livrer les deux premiers navires dans les 10 ans suivant la signature du contrat, a indiqué vendredi le ministère néerlandais de la Défense dans un communiqué.
Le contrat inclura un « rôle substantiel » pour l’industrie néerlandaise, ce qui était une exigence clé, a déclaré le secrétaire d’État néerlandais à la Défense Christophe van der Maat dans un message sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter.
Les Pays-Bas se sont lancés dans une frénésie de dépenses pour remplacer leurs principaux navires de combat et, outre les sous-marins, ils prévoient de démarrer la construction de plus de 20 navires de surface au cours de la prochaine décennie, pour un investissement de plus de 11 milliards d’euros. Pour l’offre de sous-marins, les Néerlandais recherchaient un navire expéditionnaire capable d’opérer dans les territoires d’outre-mer du pays.
“Les navires offrent une puissance de frappe accrue et des capacités opérationnelles améliorées, et pourront donc être déployés dans le monde entier pour différents types de missions”, a déclaré le chef de la défense des Pays-Bas, le général Onno Eichelsheim, dans un article sur X.
Le contrat de livraison sera signé après que l’évaluation de l’offre aura été débattue au Parlement. Le gouvernement a été critiqué pour le choix potentiel de Naval Group, certains législateurs affirmant que l’entreprise favoriserait les emplois français par rapport à l’industrie de la construction navale néerlandaise.
Le choix de Naval Group fournira aux Pays-Bas des sous-marins océaniques « répondant aux normes mondiales les plus élevées », a déclaré le gouvernement français dans un communiqué faisant suite à l’annonce néerlandaise. Un partenariat franco-néerlandais accompagnera le programme sur le long terme et contribuera à renforcer la coopération bilatérale en matière de défense.
Les Pays-Bas avaient demandé des propositions aux trois chantiers candidats en novembre 2022 pour quatre sous-marins à longue portée à propulsion conventionnelle. Le budget d’investissement pour remplacer la capacité sous-marine du pays s’élève à 5,65 milliards d’euros jusqu’en 2039, ce qui comprend un delta pour l’exploitation et une réserve pour les risques de projet, a écrit le ministère de la Défense dans un rapport au Parlement.
La France exploite une version à propulsion nucléaire de la classe Barracuda et a estimé en 2020 le coût du programme de construction et d’exploitation de six sous-marins de cette classe à 10,4 milliards d’euros, contre 8,6 milliards d’euros en 2010. Naval Group en juillet dernier Cette année-là, le Tourville est lancé, le troisième navire sur six prévus pour la Marine nationale.
La force navale néerlandaise a annoncé ce mois-ci son intention de commander quatre nouvelles frégates de défense aérienne pour plus de 3,5 milliards d’euros à Damen et Thales. Le ministère de la Défense a également l’intention d’acheter six navires de transport amphibie pour un coût compris entre 1 et 2,5 milliards d’euros pour remplacer deux quais de débarquement et quatre navires de patrouille océaniques, en collaboration avec Damen sur le projet.
Les forces de défense néerlandaises ont l’obligation constitutionnelle de protéger le royaume, y compris ses territoires lointains des Caraïbes, ce qui signifie que le pays exige que ses sous-marins aient une longue portée et soient indépendants sur le plan logistique. La classe Walrus existante peut opérer dans des voies navigables relativement peu profondes et étroites par rapport aux sous-marins nucléaires, et elle remplit une « capacité de niche appréciée au niveau international », a écrit le ministère dans un rapport au Parlement de mars 2023.
“Semblables à leurs prédécesseurs, les nouveaux bateaux seront relativement petits, ce qui leur permettra d’opérer également dans des eaux peu profondes”, a indiqué le ministère. “Néanmoins, parce qu’ils seront plus grands que les sous-marins conçus pour rester à proximité de leur base, les nouveaux bateaux pourront opérer de manière indépendante loin de leur domicile pendant de longues périodes.”
Cette combinaison de taille et de portée est rare et signifie que les sous-marins de la Marine royale néerlandaise sont « très appréciés » au sein de l’OTAN, a indiqué le ministère.
Les quatre nouveaux sous-marins représenteront une amélioration considérable en termes de conception, et la capacité de lancer des missiles de croisière augmentera « considérablement » la puissance de frappe, selon le ministère. Les Pays-Bas prévoient d’équiper les nouveaux sous-marins de missiles de croisière Tomahawk de RTX pour une capacité de frappe maritime, ce qui manque à la classe Walrus.
Les Néerlandais ont également étudié le missile de croisière naval français MdCN et ont jugé sa portée insuffisante par rapport aux plus de 1 000 kilomètres du Tomahawk. Le ministère a précédemment noté que la future arme de croisière/antinavire anglo-française est toujours en développement et que les informations font défaut, bien qu’il continuera à suivre les développements autour du FC-ASW.
Les nouveaux sous-marins transporteront des torpilles et seront adaptés aux opérations des forces spéciales. Les navires seront mieux adaptés à la collecte de renseignements grâce à des capteurs améliorés, tandis que la technologie moderne des batteries leur donnera une plus grande capacité énergétique que la classe Walrus, et leur permettra donc de rester immergés plus longtemps, selon le ministère.
Les nouveaux navires s’appelleront Orka (Orca), Zwaardvis (Espadon), Barracuda et Tijgerhaai (Requin tigre), ont indiqué les Pays-Bas.
Le pays vise la livraison du premier sous-marin au troisième trimestre 2033, et le dernier navire livré au troisième trimestre 2037.
Rudy Ruitenberg est correspondant européen de Defence News. Il a débuté sa carrière chez Bloomberg News et possède une expérience en matière de reportage sur la technologie, les marchés des matières premières et la politique.