Le 30 août, le ministère japonais de la Défense a demandé 8,54 billions de yens (59 milliards de dollars) pour l’exercice 2025 commençant en avril, soit sa plus grande demande budgétaire jamais réalisée, alors que Tokyo intensifie ses efforts pour contrer les menaces militaires croissantes posées par la Chine, la Corée du Nord et la Russie.
Cette demande, qui représente une augmentation de 7,4 % par rapport au budget initial de l’exercice en cours, constitue la 13e hausse consécutive. La tendance a commencé lorsque l’ancien Premier ministre Abe Shinzo, qui avait adopté une position plus dure envers la Corée du Nord et la Chine, est revenu au pouvoir en décembre 2012. L’actuel Premier ministre Kishida Fumio – qui appartient comme Abe au Parti libéral-démocrate (PLD) – s’est engagé en 2022 à « renforcer fondamentalement les capacités de défense du Japon dans les cinq prochaines années » (c’est-à-dire d’ici 2027).
Le budget proposé sera transmis au ministère des Finances pour examen avant qu’une décision ne soit prise fin décembre. Il est presque certain que le budget de l’année prochaine sera le plus important jamais enregistré, marquant la onzième année consécutive de budget de défense record.
Comme au cours des deux dernières années, le plan budgétaire énumère sept piliers clés des « efforts nécessaires pour renforcer considérablement les capacités de défense du Japon ».
Il s’agit de : (1) « capacités de défense à distance », telles que la production en masse de missiles à longue portée ; (2) « capacités complètes de défense aérienne et antimissile » pour faire face à divers missiles ; (3) « capacités de défense des actifs sans pilote » telles que l’utilisation de drones ; (4) « capacités opérationnelles inter-domaines » dans l’espace, le cyberespace et les domaines électromagnétiques ; (5) « fonctions de commandement et de contrôle et de renseignement » ; (6) « capacité de manœuvre et de déploiement » pour envoyer des troupes et des fournitures sur la ligne de front d’un conflit ; et (7) « durabilité et résilience ».
En ce qui concerne le premier pilier, le ministère a demandé 970 milliards de yens pour développer et produire une gamme de missiles à distance de fabrication locale afin d’acquérir des capacités de contre-attaque contre les bases ennemies. Cela fait suite à une décision prise en décembre 2022 pour Le Japon veut développer une capacité de frappe à longue portéecomme le reflète la nouvelle stratégie de sécurité nationale.
Le ministère de la Défense a notamment demandé 323,2 milliards de yens pour construire de petites constellations de satellites afin d’obtenir des capacités de détection et de suivi de cibles essentielles pour frapper les forces d’invasion hostiles en dehors de leur portée.
Le ministère de la Défense a également demandé 3 milliards de yens pour acquérir un nouveau missile lancé par sous-marin : un missile de croisière à longue portée qui peut être lancé depuis les tubes lance-torpilles d’un sous-marin. Le développement du missile devrait être achevé par Mitsubishi Heavy Industries au cours de l’exercice 2027. Le ministère de la Défense a expliqué que le missile sera installé sur les nouveaux sous-marins de classe Taigei de la Force maritime d’autodéfense japonaise (JMSDF).
Sur le deuxième pilier, le ministère a demandé 5,379 milliards de yens pour renforcer la stabilité de la nation. Défense aérienne et antimissile intégrée (IAMD)un système déjà adopté par l’armée américaine, pour contrer les menaces aériennes de plus en plus sophistiquées posées par ses voisins hostiles.
Sur le quatrième pilier, le ministère prévoit de réorganiser l’actuel groupe d’opérations spatiales en une nouvelle escadre d’opérations spatiales (nom provisoire), en réponse aux projets de renommer la Force aérienne d’autodéfense japonaise en Force aérienne et spatiale d’autodéfense japonaise d’ici l’exercice 2027 afin de promouvoir les préparatifs en vue d’entreprendre des missions dans le domaine spatial.
Concernant le septième pilier, le ministère a demandé 650,2 milliards de yens pour sécuriser les munitions et les missiles, tels que le missile polyvalent à moyenne portée, le missile navire-air de type 23 et le missile à moyenne portée. Le ministère a également obtenu 924,9 milliards de yens pour le même objectif au cours de l’exercice en cours. La sécurisation des munitions est une leçon cruciale que Tokyo a tirée de la guerre en Ukraine.
L’Agence d’acquisition, de technologie et de logistique (ATLA) du ministère a demandé 112,7 milliards de yens pour faire avancer son programme de chasseurs de nouvelle génération en partenariat avec le Royaume-Uni et l’ItalieElle prévoit de continuer à développer la conception de base du fuselage du futur chasseur et l’ingénierie détaillée de ses moteurs.
ATLA a également demandé 5,9 milliards de yens pour développer au niveau national un nouveau missile guidé air-air de moyenne portée qui sera installé dans le chasseur de nouvelle génération, qui devrait succéder à l’avion de combat F2 de la Force aérienne d’autodéfense japonaise.
La JASDF a demandé 124,9 milliards de yens pour acheter huit autres chasseurs d’attaque interarmées Lockheed Martin F-35A Lightning II et 60,8 milliards de yens pour acheter trois autres avions de combat multirôles F-35B Lightning.
Le ministère de la Défense a également demandé 314 milliards de yens pour la construction de trois nouvelles frégates multirôles, baptisées « New FFM » à Tokyo. Les nouveaux navires sont essentiellement des frégates multirôles améliorées de classe Mogami de la Force d’autodéfense maritime du Japon.
Le ministère de la Défense a également demandé 80,8 milliards de yens pour les dépenses liées à l’acquisition de deux navires équipés du système Aegis. Il a notamment mentionné les coûts liés à la préparation de divers tests, notamment des tests de démonstration.
Ces navires constituent une alternative aux plans précédents de deux systèmes de défense antimissile balistique (BMD) terrestres Aegis Ashore. Cet effort a été annulé en juin 2020 par l’administration Abe en raison des craintes que la chute de composants d’intercepteurs de missiles puisse toucher des zones fortement peuplées au Japon.
Le ministère a également demandé environ 1,8 milliard de yens pour continuer à transformer son porte-hélicoptères de classe Izumo, le JS Izumo, en un porte-avions capable de permettre les opérations des avions de chasse Lockheed Martin F-35B. Il a notamment demandé des fonds pour construire le panneau de contrôle et de surveillance de l’alimentation électrique du JS Izumo, nécessaire pour achever la deuxième modification majeure du navire.
Au cours de l’exercice 2024, dans le cadre de sa deuxième modification, le JS Izumo subit la conversion de la section avant de son pont d’envol de forme trapézoïdale en forme carrée. Le JS Kaga a subi les mêmes modifications au cours de l’exercice 2023.
Le ministère a déclaré que la modification du JS Izumo devrait être achevée au cours de l’exercice 2027 et celle du JS Kaga au cours de l’exercice 2028.
Pendant ce temps, la Force terrestre d’autodéfense japonaise (JGSDF) s’efforce de renforcer les efforts de sécurité en réponse aux situations d’urgence dans les zones entourant le Japon, en particulier dans les îles Nansei, en pensant à la Chine.
Il a demandé 9 milliards de yens pour acquérir pour la première fois six véhicules tactiques à roues destinés à la reconnaissance et au combat.