Le gouvernement militaire du Myanmar a officiellement promulgué mercredi une loi sur la cybersécurité qui réglemente les communications numériques et pénalise divers cybercrimes, selon un journal local qui a publié les deux premiers articles de la loi.
La législation, baptisée loi sur la cybersécurité n° 1/2025, introduit des mesures strictes visant à réglementer la diffusion des informations numériques et à renforcer les capacités de surveillance de l’État. La loi oblige les fournisseurs de services à conserver les données des utilisateurs pendant une période pouvant aller jusqu’à trois ans et accorde aux autorités de larges pouvoirs pour surveiller et contrôler le contenu en ligne, criminalisant ainsi les réseaux privés virtuels (VPN) sans l’approbation du gouvernement. En outre, les dispositions de la loi prévoient des sanctions en cas de diffusion de désinformation et de rumeurs, qui pourraient entraîner des amendes ou des peines d’emprisonnement pour les particuliers et les fournisseurs de services numériques.
En outre, les plateformes numériques qui ne respectent pas les exigences de la loi s’exposent à de sévères sanctions, notamment des sanctions financières et une suspension potentielle des services, ce qui exerce une pression importante sur les entreprises opérant au Myanmar et peut conduire à l’autocensure du contenu pour éviter des répercussions. Les exigences légales concernent principalement les exigences d’enregistrement des plateformes numériques, entraînant en outre des sanctions pour les personnes et les organisations qui exploitent des plateformes numériques sans renouveler leur enregistrement.
La législation sur la cybersécurité reflète les efforts continus de la junte pour consolider le pouvoir dans un contexte d’agitation civile croissante. La promulgation de cette loi fait suite au coup d’État militaire de février 2021, qui a donné lieu à de vastes manifestations et à une résistance armée contre le régime militaire. Le contrôle de la junte sur les médias et les canaux de communication s’est intensifié depuis le coup d’État, avec des efforts antérieurs pour restreindre l’accès aux plateformes de médias sociaux et aux organes d’information indépendants. La mise en œuvre de cette loi est considérée par de nombreux observateurs comme une mesure stratégique visant à réprimer davantage la dissidence et à étouffer toutes les possibilités restantes de débat public.
Historiquement, l’approche du Myanmar en matière de cybersécurité a manqué de transparence et de responsabilité. Le projet de loi a été diffusé pour la première fois en 2019, mais est devenu urgent à la suite du coup d’État alors que l’armée cherchait à renforcer son emprise sur le pouvoir par la répression numérique. Les critiques soutiennent que cette nouvelle législation porte atteinte aux droits humains fondamentaux, en particulier à la vie privée et à la liberté d’expression, en créant un environnement dans lequel la dissidence est systématiquement réduite au silence. Ces critiques affirment ainsi que la nouvelle législation birmane en matière de cybersécurité représente une escalade significative du contrôle de l’État sur les espaces numériques, restreignant de fait les droits des citoyens tout en renforçant l’autorité de la junte dans un paysage politique de plus en plus instable.