Le Pakistan a rejeté lundi sa désignation de « pays particulièrement préoccupant » (CPC) par le Département d’État américain en raison de préoccupations en matière de liberté religieuse dans ce pays d’Asie du Sud. Le Département d’État américain a désigné le Pakistan comme CPC le 4 janvier suite à une recommandation de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF).
Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a publié lundi un communiqué de presse rejetant catégoriquement sa désignation comme CPC, qualifiant la décision de partiale et détachée des réalités du terrain. La déclaration affirmait : «Le Pakistan est un pays pluraliste, doté d’une riche tradition d’harmonie interconfessionnelle. Conformément à sa Constitution, le Pakistan a pris de vastes mesures pour promouvoir la liberté religieuse et protéger les droits des minorités. Le communiqué exprime une profonde inquiétude quant à l’exclusion de l’Inde de la liste, malgré les recommandations de l’USCIRF et les préoccupations internationales en matière de droits de l’homme concernant le traitement réservé aux minorités religieuses par l’Inde. Le Pakistan a remis en question la crédibilité, la transparence et l’objectivité du processus, affirmant que de tels exercices unilatéraux compromettaient l’objectif commun de faire progresser la liberté religieuse à l’échelle mondiale. Le Pakistan a plaidé en faveur de la lutte contre l’intolérance religieuse par un engagement constructif et des efforts collectifs fondés sur la compréhension et le respect mutuels. Le communiqué de presse ajoutait : «Les inquiétudes du Pakistan concernant cette désignation sont transmises à la partie américaine.»
Le Département d’État a désigné la Birmanie, la Chine, Cuba, la Corée du Nord, l’Érythrée, l’Iran, le Nicaragua, le Pakistan, la Russie, l’Arabie saoudite, le Tadjikistan et le Turkménistan comme CPC pour violations graves de la liberté religieuse. L’Algérie, l’Azerbaïdjan, la République centrafricaine, les Comores et le Vietnam figurent sur la liste de surveillance spéciale (SPL) du département, qui contient des pays qui ne répondent pas à tous les critères du CPC. En outre, des entités spécifiques comme al-Shabab, Boko Haram, Hayat Tahrir al-Sham, les Houthis, ISIS-Sahel, ISIS-Afrique de l’Ouest, Jamaat Nasr al-Islam wal-Muslimin et les Taliban sont également désignées. Le département souligne la nécessité d’efforts mondiaux pour relever les défis structurels et systémiques à la liberté religieuse, appelant à mettre fin aux abus dans le monde.
L’USCIRF est une commission indépendante et bipartite du gouvernement fédéral américain créée par l’International Religious Freedom Act (IRFA) de 1998. Il surveille les violations de la liberté religieuse dans le monde en utilisant les normes internationales et formule des recommandations politiques au président américain, au secrétaire d’État et au Congrès. L’IRFA donne mandat au secrétaire d’État de désigner des « pays particulièrement préoccupants » (CPC) pour les violations systématiques et flagrantes de la liberté religieuse. L’USCIRF recommande aux pays d’atteindre le seuil du CPC et l’IRFA accorde au secrétaire d’État des options politiques flexibles, y compris des sanctions ou des dérogations, pour remédier à ces violations. Ces actions ne sont pas automatiquement imposées mais fournissent une gamme de réponses aux graves violations de la liberté religieuse.
L’USCIRF, dans un communiqué de presse du 4 janvier, a exprimé son extrême déception à l’égard du Département d’État qui n’a pas désigné le Nigeria et l’Inde comme CPC, bien qu’ils respectent les normes juridiques. L’USCIRF a demandé une audience du Congrès sur la question. En outre, ils ont également souligné la levée des sanctions contre le Pakistan malgré sa nouvelle désignation en tant que CPC. Plus tôt en décembre, l’USCIRF avait réitéré sa recommandation de redésignation du Pakistan dans un rapport sur l’abus des lois sur le blasphème contre les minorités.