« La protection des droits fondamentaux et l’esprit de liberté sont au cœur de notre démocratie. Dans ce contexte, le jeu de la doctrine contre-majoritaire inhérente au contrôle judiciaire et parfois son abandon, est ce qui fait de l’étude des implications constitutionnelles de l’urgence en Inde une question qui continue d’être pertinente aujourd’hui », a déclaré M. Parag Tripathi, avocat principal à la Cour suprême de l’Inde, lors de la conférence commémorative du Dr Granville Austin sur le thème « Revisiter les expériences d’urgence : l’énigme contre-majoritaire et l’esprit de liberté ».
« La compréhension de la portée et de la portée des droits fondamentaux doit commencer par un examen des torts fondamentaux qui doivent être corrigés. Dans le jeu de cette doctrine du contre-majoritarisme, les juges ne négligent pas la médiane de l’opinion publique politiquement pertinente.
« Ceci est accentué dans le scénario d’un gouvernement à parti unique fort dirigé par un dirigeant national puissant. L’élaboration de cet aspect du contrôle judiciaire par nos cours constitutionnelles doit être comprise dans son interaction avec l’esprit de liberté et les droits des groupes minoritaires », a-t-il poursuivi.
M. Tripathi a mentionné les cas de droits civiques des Noirs américains au lendemain de la guerre civile américaine, où les droits accordés par la Constitution américaine devaient être davantage protégés par la législation fédérale en raison de l’approche à contre-courant de nombreux États du sud de l’Amérique.
Cette loi fédérale – le Civil Rights Act, 1875 – a été invalidée par la Cour suprême des États-Unis – remplissant ainsi la fonction anti-majoritaire d’une manière quelque peu rétrograde.
« Dans toute démocratie, y compris en Inde, lorsqu’une loi est promulguée, elle est généralement considérée comme énonçant la volonté de la majorité. Lorsqu’une loi susceptible d’être contestée devant une cour constitutionnelle est invalidée, il s’agit d’un exercice de contrôle judiciaire contre la volonté perçue de la majorité et donc contre la majorité majoritaire en substance. Il est important de noter que de simples lois ne garantiront pas l’esprit de liberté ».
« Comme notre nation l’a vécu pendant l’état d’urgence, et par la suite, lorsque le peuple indien a renversé le gouvernement qu’il pensait coupable d’un excès constitutionnel pendant l’état d’urgence. En fait, il y a eu une vague de soutien lorsque l’état d’urgence a été imposé pour la première fois ! »
«Mais la manière dont cela s’est déroulé a suscité cette réaction de la part du peuple, basée sur l’esprit de liberté qui résidait dans le cœur et l’âme des Indiens. Cet esprit de liberté est l’esprit qui n’est pas « trop sûr » d’avoir raison et qui cherche à comprendre l’esprit des autres hommes et femmes. C’est de nature accommodante.
Le professeur (Dr) C. Rajkumar, vice-chancelier fondateur de l’OP Jindal Global University, a noté dans son discours de bienvenue que le Dr Granville Austin était un historien américain de la Constitution indienne. Austin a fait la majeure partie de ses premières études à Norwich, Vermont, États-Unis. Il est diplômé du Dartmouth College avec un BA en littérature américaine. Il a ensuite obtenu un doctorat en histoire indienne moderne de l’Université d’Oxford.
Plus tard, M. Tripathi a déclaré que les travaux universitaires ultérieurs ont désormais démontré que les juges s’écartent rarement de la médiane de l’opinion publique, en particulier de l’opinion publique politiquement pertinente. L’impact de la doctrine contre-majoritaire est donc peut-être un peu surestimé.
M. Tripathi a ensuite donné un exemple de la façon dont cette doctrine s’est appliquée aux États-Unis d’Amérique dans les cas d’avortement. De même, en Inde, il a donné l’exemple de la lecture atténuée des dispositions du Code pénal indien qui criminalisent l’homosexualité.
M. Tripathi a terminé en citant un couplet de Mirza Ghalib pour étayer son point de vue selon lequel les juges des Cours constitutionnelles, tout en mettant en œuvre le principe contre-majoritaire, font appel à l’esprit maussade de liberté et à l’intelligence d’un jour futur.
En 2011, en reconnaissance de ses écrits sur l’élaboration et le fonctionnement de la Constitution indienne, le Dr Granville Austin a reçu le prix Padma Shri, la quatrième plus haute distinction civile de la République de l’Inde.
La Mission nationale de traduction du ministère du Développement des ressources humaines du gouvernement indien a sélectionné La Constitution indienne : pierre angulaire d’une nation pour la traduction dans les langues indiennes. Le livre a déjà été publié en langues telugu, marathi, punjabi, odia, hindi et malayalam.