Les cellules T modifiées offrent une approche ciblée pour calmer les réponses immunitaires hyperactives, promettant des traitements plus sûrs et plus efficaces.
Les scientifiques de l’UC San Francisco ont développé une méthode révolutionnaire pour traiter les maladies auto-immunes et améliorer les résultats des patients transplantés d’organes. Ils ont conçu des cellules immunitaires spéciales, appelées cellules T, qui agissent comme des « artisans de paix » dans le corps. Ces cellules calment les réponses immunitaires hyperactives et réduisent l’inflammation nocive sans avoir besoin de médicaments immunosuppresseurs puissants. Les traitements actuels rendent souvent les patients plus vulnérables aux infections et autres complications, mais cette nouvelle méthode pourrait éviter ces risques.
Une application majeure de ces cellules modifiées est de prévenir le rejet d’organes ou de tissus transplantés, tels que les cellules des îlots pancréatiques utilisées pour traiter le diabète de type 1. Les patients recevant ces greffes dépendent actuellement de médicaments puissants pour empêcher leur système immunitaire d’attaquer les nouveaux tissus. Bien qu’efficaces pour prévenir le rejet, ces médicaments ont de nombreux effets secondaires, comme une susceptibilité accrue aux infections et un risque plus élevé d’autres maladies. La nouvelle technologie offre une approche plus précise. Il aide le système immunitaire à accepter les tissus transplantés tout en protégeant le corps contre les infections et le cancer.
Pour créer ces cellules, les chercheurs se sont inspirés des cellules « suppressives » naturelles de l’organisme, qui agissent comme des freins au système immunitaire pour l’empêcher de réagir de manière excessive. Cependant, dans des conditions comme le diabète de type 1, ces freins naturels ne fonctionnent souvent pas assez bien. Pour résoudre ce problème, les scientifiques ont conçu des lymphocytes T CD4 (un type de cellule immunitaire déjà utilisé dans certains traitements contre le cancer) pour qu’ils jouent un rôle suppresseur. Ils ont également équipé ces cellules de capteurs spéciaux afin qu’elles puissent trouver et travailler dans des zones spécifiques du corps où elles sont le plus nécessaires.
Dans un modèle expérimental, les cellules modifiées ont été conçues pour reconnaître et protéger les cellules des îlots pancréatiques humains. Ces cellules sont essentielles à la production d’insuline, qui régule la glycémie. Lorsqu’elles ont été testées sur des souris avec des cellules d’îlots transplantées, les cellules modifiées ont réussi à empêcher le système immunitaire d’attaquer la greffe. En conséquence, les tissus transplantés ont survécu et ont fonctionné correctement. Ce premier succès suggère qu’à l’avenir, les personnes atteintes de diabète de type 1 pourraient recevoir des greffes de cellules d’îlots sans avoir besoin de médicaments immunosuppresseurs à vie ni d’insulinothérapie quotidienne.
Au-delà du diabète de type 1, les scientifiques pensent que leurs cellules modifiées pourraient être utilisées pour traiter un large éventail de maladies auto-immunes et améliorer les résultats des transplantations d’organes. Contrairement aux traitements actuels qui suppriment l’ensemble du système immunitaire, cette approche cible les zones spécifiques où le système immunitaire fonctionne mal. En rétablissant l’équilibre dans les tissus localisés, la thérapie réduit les effets secondaires et améliore la sécurité des patients.
Les applications potentielles ne s’arrêtent pas là. Les chercheurs pensent que cette technologie pourrait également rendre les traitements contre le cancer plus sûrs et plus efficaces. Par exemple, la thérapie cellulaire CAR T, une méthode qui modifie les cellules immunitaires pour attaquer le cancer, peut parfois endommager les tissus sains ainsi que les tissus cancéreux. En ajoutant les mêmes caractéristiques de précision aux cellules CAR T, la thérapie pourrait mieux distinguer les cellules cancéreuses des cellules saines, réduisant ainsi les dommages collatéraux.
Cette nouvelle approche pourrait bénéficier de manière significative aux personnes atteintes de maladies auto-immunes, de cancer ou ayant besoin d’une transplantation. Les maladies auto-immunes sont notoirement difficiles à traiter car elles impliquent que le système immunitaire attaque les propres tissus de l’organisme. Grâce à ces cellules modifiées, les médecins pourraient traiter ces pathologies avec plus de précision, améliorant ainsi les résultats pour les patients sans compromettre la santé globale. De même, les patients transplantés pourraient éviter les risques à long terme associés aux médicaments immunosuppresseurs actuels, et les patients atteints de cancer pourraient recevoir des traitements plus ciblés et moins toxiques.
En plus d’être plus sécuritaire, cette technologie représente un pas vers une médecine personnalisée. Au lieu d’utiliser des traitements universels, les médecins pourraient adapter les thérapies à l’état spécifique de chaque patient. Par exemple, des cellules modifiées pourraient être programmées pour se concentrer sur le dysfonctionnement immunitaire unique du corps d’un patient, qu’il s’agisse du pancréas, des reins ou d’un autre organe. Cette approche personnalisée pourrait aider les patients non seulement à survivre, mais également à bénéficier d’une meilleure qualité de vie.
Sources :
Des cellules immunitaires modifiées pourraient transformer le traitement des maladies auto-immunes
Concevoir des lymphocytes T suppresseurs synthétiques qui exécutent des programmes immunoprotecteurs ciblés localement