S’attaquer aux disparités au sein de cette population pourrait signifier aider un plus grand nombre de femmes à obtenir ce vaccin salvateur.
Le virus du papillome humain (VPH) est une infection virale sexuellement transmissible courante liée à divers cancers, notamment le cancer du col de l’utérus, qui peut être particulièrement mortel. L’infection affecte la peau et les muqueuses, avec plus de 200 types connus. Le VPH est l’infection sexuellement transmissible la plus courante dans le monde, touchant des millions de personnes. Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), environ 79 millions d’Américains sont actuellement infectés par le VPH, et environ 14 millions de nouveaux cas surviennent chaque année aux États-Unis seulement. Près de 80 % des personnes sexuellement actives contracteront le VPH à un moment donné de leur vie, ce qui rend la vaccination et le dépistage régulier essentiels pour la prévention et la détection précoce. Se faire vacciner contre le VPH est le moyen le plus efficace de prévenir la transmission de la maladie et les cancers mortels qui peuvent en résulter. Les programmes de santé publique qui font la promotion de cette option salvatrice ciblent spécifiquement les femmes et les préadolescents avant même le début de l’activité sexuelle. Malgré ses avantages avérés, des études ont toutefois montré qu’il existe des disparités dans la couverture vaccinale, en particulier chez les filles souffrant de problèmes de santé mentale ou de troubles du développement neurologique.
Une étude récente menée par des chercheurs de l’Institut Karolinska en Suède, publiée dans The Lancet Public Health, attire l’attention sur ces disparités en analysant les données de plus de 115 000 filles participant à un programme de vaccination contre le VPH en milieu scolaire suédois. Les résultats ont révélé que les filles atteintes de troubles psychiatriques ou prenant des médicaments psychotropes étaient moins susceptibles de recevoir le vaccin contre le VPH que leurs pairs sans ces facteurs. Cette tendance était particulièrement prononcée chez les filles atteintes d’autisme ou de déficiences intellectuelles, qui présentaient également une couverture vaccinale nettement inférieure.
La même étude a révélé que les filles atteintes de troubles psychiatriques bénéficiaient d’une couverture vaccinale inférieure de 11 % à celle de leurs pairs pour la première dose du vaccin contre le VPH, et que cette couverture pouvait atteindre 20 % chez les filles atteintes d’autisme ou de déficience intellectuelle. L’utilisation de médicaments psychotropes (comme les antidépresseurs et les ISRS) a également eu une incidence sur les taux de vaccination. Les filles prenant ces médicaments bénéficiaient d’une couverture vaccinale inférieure de 7 %, la baisse la plus importante étant observée chez celles prenant des médicaments antipsychotiques, où la couverture vaccinale était inférieure de 32 % à celle des filles ne prenant pas ces médicaments.
L’une des principales conclusions de l’étude est que, même si les filles souffrant de troubles mentaux étaient moins susceptibles de recevoir la première dose du vaccin salvateur, celles qui l’avaient reçue étaient tout aussi susceptibles que leurs pairs de terminer la série de vaccination en recevant la deuxième dose. Cela suggère que le principal obstacle réside dans le fait de commencer le processus de vaccination plutôt que de le mener à bien. Par conséquent, les efforts visant à accroître les taux de vaccination devraient se concentrer sur la garantie que ces filles reçoivent la première dose.
Ces disparités sont dues à de nombreuses raisons. Les troubles de santé mentale et les troubles du développement neurologique peuvent entraîner divers problèmes, comme des difficultés d’accès aux soins de santé et à une couverture d’assurance adéquate, des informations moins accessibles pour guider les individus dans la protection de leur santé et une dépendance accrue aux soignants. En outre, il peut y avoir une stigmatisation associée à la fois à la maladie mentale et aux vaccinations en général.
C’est pourquoi il faudra adopter une approche à plusieurs volets pour s’attaquer au problème. Tout d’abord, les prestataires de soins et les professionnels de santé scolaire doivent être informés des faibles taux de vaccination chez les filles souffrant de troubles mentaux et s’efforcer de les sensibiliser aux avantages de cette vaccination. Il faut également s’attaquer aux obstacles logistiques ou psychologiques qui peuvent empêcher ces filles de se faire vacciner. Grâce à une sensibilisation accrue et à un soutien renforcé, notamment au sein du système de santé, le nombre de femmes recevant ce vaccin salvateur pourrait augmenter considérablement.
Sources:
Les filles atteintes de troubles mentaux sont moins susceptibles de recevoir le vaccin contre le VPH
Le rôle des maladies mentales et des troubles du développement neurologique dans la vaccination contre le virus du papillome humain dans le cadre du programme de vaccination scolaire suédois : une étude de cohorte basée sur la population