Le baricitinib et l’anakinra pourraient stopper la réponse immunitaire nocive responsable de lésions pulmonaires durables.
Des recherches récentes menées par la faculté de médecine de l’université de Virginie et l’hôpital Cedars-Sinai ont révélé une approche prometteuse pour traiter les lésions pulmonaires chez les patients souffrant de complications à long terme du COVID, appelées « fibrose pulmonaire post-infection ». Cette pathologie, qui provoque une inflammation chronique et des cicatrices, touche un nombre croissant de personnes qui se sont remises du virus. Bien qu’il n’existe actuellement aucun traitement efficace, les recherches suggèrent que les médicaments déjà approuvés pour l’arthrite (baricitinib et anakinra) pourraient stopper la réponse immunitaire nocive responsable des lésions pulmonaires durables.
La COVID-19 peut entraîner une fibrose pulmonaire en endommageant gravement les tissus pulmonaires pendant la phase aiguë de l’infection. La réponse immunitaire déclenchée par le virus peut entraîner une cicatrisation et une fibrose excessives lorsque les poumons tentent de réparer les dommages. Une inflammation persistante et une perturbation des processus de guérison normaux peuvent entraîner une fibrose à long terme, qui altère la fonction pulmonaire et contribue à des problèmes respiratoires persistants.
L’équipe, dirigée par les docteurs Jie Sun, Peter Chen et Chongzhi Zang, a cherché à comprendre pourquoi certains patients continuent de souffrir de problèmes pulmonaires longtemps après la disparition de l’infection initiale. À l’aide de la transcriptomique spatiale et de la microscopie, ils ont examiné les tissus pulmonaires de patients transplantés gravement atteints et ont développé un modèle animal en laboratoire pour reproduire les dommages. L’étude a révélé que les cellules immunitaires appelées cellules T CD8+ interagissaient de manière incorrecte avec les macrophages, un autre type de cellules immunitaires, provoquant une inflammation excessive des poumons même après l’élimination du virus COVID-19.
La découverte clé a été que ce dysfonctionnement des réponses immunitaires perturbait le processus de guérison, entraînant une inflammation chronique et une fibrose. Les chercheurs ont identifié des molécules spécifiques impliquées dans ces problèmes, offrant une cible thérapeutique potentielle. Des médicaments comme le baricitinib et l’anakinra, déjà approuvés par la FDA pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, se sont avérés interrompre l’interaction immunitaire nocive, permettant ainsi aux poumons de guérir.
L’une des implications les plus importantes de cette découverte est son potentiel à bénéficier non seulement aux patients atteints de COVID, mais aussi à ceux qui souffrent de fibrose pulmonaire due à d’autres causes, comme la grippe ou d’autres infections respiratoires. La tuberculose, la pneumonie, l’histoplasmose, la coccidioïdomycose, l’aspergillose, la sarcoïdose et la pneumoconiose sont toutes des causes connues de cette complication.
Chen a noté que les traitements initialement utilisés pour les formes graves de la COVID pourraient réduire le risque de complications à long terme, notamment de cicatrisation pulmonaire. L’équipe a également émis l’hypothèse que les restes du virus (ou un autre facteur inconnu) pourraient maintenir le système immunitaire dans un état d’alerte accru, même après la fin de l’infection. Cependant, d’autres études sont nécessaires pour confirmer l’efficacité de ces médicaments contre l’arthrite dans le traitement de la fibrose pulmonaire.
Sun a souligné la nécessité croissante de mener davantage de recherches sur les effets à long terme des infections virales sur la santé, en particulier dans un contexte où le nombre de personnes touchées par la COVID longue continue d’augmenter. L’équipe espère que ses travaux déboucheront à terme sur de nouvelles options de traitement pour les patients souffrant de lésions pulmonaires persistantes, leur offrant ainsi une chance d’améliorer leur qualité de vie.
En réutilisant des médicaments contre l’arthrite, les chercheurs ont peut-être trouvé un moyen d’inverser la fibrose qui a laissé de nombreux patients souffrant de restrictions respiratoires longtemps après leur guérison du virus. Grâce à des études plus approfondies, l’équipe pourra consolider ses conclusions et, espérons-le, mettre sur le marché une option qui fonctionne non seulement pour les patients atteints de COVID, mais aussi pour les personnes atteintes de fibrose pulmonaire due à d’autres infections.
Sources:
Des médicaments contre l’arthrite pourraient inverser les dommages pulmonaires causés par la COVID
Une niche progénitrice immunitaire-épithéliale aberrante entraîne des séquelles virales pulmonaires